Monotonie Le public a besoin de se divertir, de voir du nouveau, mais aucun organisme n?est en mesure d?apporter une touche novatrice. Les organismes publics chargés de l?animation culturelle sur la place d?Alger ont, comme chaque année, concocté pour le mois sacré du ramadan un programme artistique varié et festif à l?intention des habitués des spectacles. Mais il se trouve que ce programme s?avère quasiment le même que celui du ramadan 2003, pour ne pas dire identique. Ce sont les mêmes artistes qui investissent les scènes des salles Ibn-Khaldoun ou encore El-Mougar, des artistes qu?on a l?habitude de voir et revoir à chaque fois que l?occasion se présente. La salle Ibn-Khaldoun propose une panoplie d?artistes qui se sont déjà produits bien avant le mois sacré et qui reviennent pratiquement chaque ramadan. C?est le cas de Nasreddine Chaouli, Hamidou, Kamel Bourdib, Mohamed Allaoua, Didine Keroum? En fait, ce sont les habitués qui investissent et réinvestissent les salles. Toutefois, la salle Ibn-Khaldoun accueillera des noms de la chanson française comme Pierre Bachelet ou encore Lenny Escudero. Cependant, il se trouve que ces artistes ne répondent plus à l?actualité et ne correspondent nullement aux goûts du jeune public. Même constat pour la salle El-Mougar, qui propose un choix varié, mais identique aux années précédentes. On lit sur l?affiche des noms comme Naïma El-Djazaïria, Massinissa, Katchina, Hassiba Amrouche? Et parler des mêmes noms qui reviennent sur la scène, c?est parler immanquablement du même genre musical qui, tout au long de ce mois, sera proposé au public : musique arabo-andalouse, chaâbi ou chanson kabyle, en passant par la variété qui vient allègrement ponctuer les soirées ramadanesques. Cela revient à dire qu?il n?y a aucune recherche dans la programmation et l?organisation des spectacles. Tout ce qui compte finalement, c?est d?arrêter un agenda bien fourni, de mettre des noms à l?affiche, pourvu qu?il y ait de l?animation artistique. Par ailleurs, pour ce qui est de l?animation théâtrale, le département chargé de la programmation au Théâtre national algérien (TNA) s?est contenté de puiser dans son vieux répertoire au lieu de prêter sa scène à de nouvelles créations. Pour ce mois, à titre d?exemple, le TNA a prévu cinq pièces et deux monologues, peu de choix et de diversité pour un mois censé être riche en activités. Parmi les représentations prévues pendant les soirées ramadanesques, il y a Diwan laâdjeb de Alloula et Edef wa el-bendir de Tayeb Edhini. Pour un théâtre national censé produire et présenter de nouvelles créations théâtrales, il semble que la programmation qu?il propose aux habitués du 4e art est maigre, pauvre, pour ne pas dire totalement bâclée. Ce n?est certainement là pas une critique, mais un constat. Le public a besoin de se divertir, donc de voir quelque chose de nouveau. Mais aucun des organismes ne semble apporter une touche novatrice dans la programmation des soirées ramadanesques ; tous présentent les mêmes artistes qu?ils ont l?habitude de produire durant l?année. La salle Ibn-Zeydoun, spécialisée dans les genres de musique dits «branchés», abrite une série de concerts qui, pour la plupart, ont déjà eu lieu. Ces mêmes concerts reviennent continuellement. A titre d?exemple, l?on peut mentionner le groupe gnawi Gana qui se produira le 25 octobre, le jazzman Karim Zaïd prévu le 29 octobre, un concert de reggae avec le groupe Quif-H programmé le 10 novembre? En fait, c?est le même scénario qui se répète chaque année et pendant toute l?année. Pareil pour le Palais de la culture, qui s?est contenté de produire les mêmes artistes qui se sont déjà produits dans les autres salles, comme Kamel Bourdib, Hamidou? Compte tenu de la manière dont les soirées ramadanesques sont comblées, l?on s?interroge curieusement sur la manière dont la programmation se fait et quels en sont les critères. L?évidence est qu?il n?y a pas de réflexion ni d?étude menée pour évaluer les goûts et les besoins du public. C?est devenu une tradition de remettre sur scène les mêmes noms. En attendant une meilleure gestion des affaires culturelles à la fois attrayante, de qualité et rentable, contentons-nous de ce choix qui nous est proposé, voire imposé.