Les Algériens, qui se soucient peu de ce que disent les sources littéraires, pensent que la zlabia est originaire de chez eux ! Après tout, un produit peut être répandu dans plusieurs pays, sans qu'on sache d?où il est originaire. Selon une tradition très répandue, l'invention de la zlabia serait dûe à une erreur : celle de ménagères ou de pâtissiers qui n'ont pas su préparer correctement la pâte. Voici un récit relevé, dans la première moitié du XXe siècle, dans la région de Miliana. Autrefois, les paysans avaient l'habitude, pour célébrer le premier jour du printemps, qui tombe le 28 février du calendrier grégorien, d'inviter des citadins, amis et parents, pour partager leur repas.Le repas était fait aux champs, on jouait aussi à la balançoire (dja'lula), en chantant des chansons appelées tah?wifât. On préparait du couscous mais aussi des beignets, c?est-à-dire un aliment levé, symbole de bonheur? Une famille invite donc des parents et des amis. En attendant qu?ils arrivent et qu?on parte pour les champs, la maîtresse de maison prépare la pâte des beignets, lesfendj. Voilà qu'elle se rend compte que sa pâte est trop liquide : c'est une pâte à crêpes (baghrir) et non à beignets ! Elle pourrait faire des crêpes, mais ce n'est pas un plat pour la circonstance. L'huile qu'elle a posée sur le feu s?étant mise à bouillir, elle prend un entonnoir et verse la pâte dans l?huile. Les «beignets» prennent la forme de tubes. Elle les retire puis les plonge encore chauds dans du miel, leur donnant une belle couleur dorée. Quand elle présente son plat à ses invités, elle s'excuse ainsi : «C?est une faute de ma part, zella biya.» L'expression devient zlabiya et désigne désormais le produit.