Les étals des commerçants et des supérettes croulent sous les paquets et les flacons de cafés. Il y en a de toutes sortes, de toutes les marques et de toutes provenances, mais toutes portent le même nom, café, en arabe et en berbère qahwa ou, avec l'article défini du fait de la célébrité, lqahwa, autrement dit «le» café, le produit par excellence. Autrefois, au temps des pénuries, on s'entredéchirait aux portes des défuntes galeries et des défunts souks el-fellah pour avoir son quota de café. Et quand on n'en trouvait pas dans ces lieux, on était obligé de s'en procurer au marché noir... Et le marché noir, c?était juste à la sortie des galeries et des souks el-fellah... Des mauvaises langues disaient même que des employés de ces établissements s?étaient enrichis en écoulant la marchandise au marché parallèle... Tout cela pour dire que les Algériens étaient et demeurent des amateurs de café et que ce produit, avec l'huile et le sucre, est considéré comme un produit stratégique. Le café est donc appelé qahwa. Signalons que ce mot, qui nous vient de l'Orient, est également à la base de la dénomination du célèbre breuvage dans la plupart des langues du monde, dont le français «café». En Algérie, il existe un diminutif affectueux du mot, qhiwa, c'est-à-dire «petit café». On en a aussi tiré un verbe, steqhwi (prendre le café). Le nom du cafetier, lui, nous vient du turc : qahwadji, avec le suffixe «dji» formateur, dans cette langue, des noms de métiers. Du turc aussi nous avons hérité : saâdji (horloger), saboundji (fabricant de savon), etc. Les établissements où l?on sert le café sont également appelés qahwa, comme en français «café». Pour distinguer les cafés européens des cafés traditionnels algériens, les Français d'Algérie, appelaient ces derniers «cafés maures», mot désignant dans l?antiquité des populations de l?ouest de l'Algérie et du Maroc et prenant, chez les pieds-noirs le sens d?«Arabe».