Résumé de la 5e partie Confortablement installée, Tassadit brillait de mille feux. La reine ajouta : «Il n'est pas nécessaire de me voir. L'important est que justice soit faite. Alors faites ce que je dirai.» L'étranger ne sut toujours pas quelle était la voix qui lui parlait, mais il la trouva si réconfortante qu'il lui demanda : «Comment espérer justice alors que mon procès a déjà pris fin et que le verdict a été rendu ? ? Le roi s'est trompé, expliqua la reine, et tu n'as pas assez défendu ta cause. Je sais ce qu'il faut faire pour y remédier.» Le lendemain, l'étranger demanda de nouveau audience au roi. Excédé, le souverain le menaça de lui trancher la tête s'il n'avait pas de bonnes raisons pour le déranger. Comme la reine le lui avait recommandé, l'homme expliqua : «Ce n'est pas pour l'affaire d'hier que je suis là, sire. Voilà ce dont il s'agit. J'ai planté un carré de fèves près de la rivière. Au moment où je m'apprêtais à en faire la récolte, des poissons ont surgi de l'eau et ont tout mangé.» Furieux et caustique, le roi grogna : «Misérable créature ! On ne t'a donc jamais dit que le jour où les poissons sortiront de l'eau pour se nourrir ce sera la fin du monde ? ? Naturellement, sire, je le sais bien, répondit doucement le plaignant. Mais l'on raconte aussi que le jour où la mule mettra bas un poulain, ce sera la fin du monde !» Le roi se tut un instant, appréciant la sagesse de l'étranger. Cette fois, il le crut et lui demanda : «Pourquoi ne m'as-tu pas parlé de cela hier, lors de ton procès ? ? C'est que, répondit l'homme, je ne m'en suis rendu compte que cette nuit.» Le roi rendit justice et l'étranger repartit satisfait. Malheureusement, le souverain reconnut là la finesse d'un esprit qu'il admirait beaucoup, celui de son épouse. Il en déduisit que c'était elle qui avait conseillé le plaignant. En outre, il connaissait son penchant incontrôlable pour la justice. Désapprouvant le fait qu'elle lui eut désobéi, il entra dans une colère noire et se rendit dans ses appartements. Le regard froid et menaçant, il lui lança : «Comment as-tu osé outrepasser mes ordres et violer mes interdictions ? Rappelle-toi, je t'avais prévenue que si un jour ton esprit venait à faire de l'ombre au mien, je te chasserais de ma vie. Alors, prends ce que tu as de plus cher et va-t-en d'ici au plus vite ! ? Bien !, fit la reine. Après tout je l'ai mérité car je n'ai pas respecté ta parole. J'accepte donc ton châtiment. Mais sire, je te sais généreux et clément. Me permettras-tu une dernière faveur ? ? Si c'est la dernière, oui !» (à suivre...)