Résumé de la 4e partie n Thassadith, à présent reine, décide d'aider un étranger à la ville qu'on accuse d'un vol qu'il n'a pas commis... L'étranger ne sut toujours pas quelle était la voix qui lui parlait, mais il la trouva si réconfortante qu'il lui demanda : «Comment espérer justice alors que mon procès a déjà pris fin et que le verdict a été rendu ? Le roi s'est trompé, expliqua la reine, et tu n'as pas assez défendu ta cause. Je sais ce qu'il faut faire pour y remédier.» Le lendemain, l'étranger demanda de nouveau audience au roi. Excédé, le souverain le menaça de lui trancher la tête s'il n'avait pas de bonnes raisons pour le déranger. Comme la reine le lui avait recommandé, l'homme expliqua : «Ce n'est pas pour l'affaire d'hier que je suis là, sire. Voilà ce dont il s'agit. J'ai planté un carré de fèves près de la rivière. Au moment où je m'apprêtais à en faire la récolte, des poissons ont surgi de l'eau et ont tout mangé.» Furieux et caustique, le roi grogna : «Misérable créature ! On ne t'a donc jamais dit que le jour où les poissons sortiront de l'eau pour se nourrir ce sera la fin du monde ? Naturellement, sire, je le sais bien, répondit doucement le plaignant. Mais on raconte aussi que le jour où la mule mettra bas un poulain, ce sera la fin du monde !» Le roi se tut un instant, appréciant la sagesse de l'étranger. Cette fois il le crut et lui demanda : «Pourquoi ne m'as-tu pas parlé de cela hier, lors de ton procès ? C'est que, répondit l'homme, je ne m'en suis rendu compte que cette nuit.» Le roi rendit justice et l'étranger repartit satisfait. Malheureusement, le souverain reconnut là la finesse d'un esprit qu'il admirait beaucoup, celui de son épouse. Il en déduisit que c'était elle qui avait conseillé le plaignant. En outre, il connaissait son penchant incontrôlable pour la justice. Désapprouvant le fait qu'elle lui eut désobéi, il entra dans une colère noire et se rendit dans ses appartements. Le regard froid et menaçant, il lui lança : «Comment as-tu osé outrepasser mes ordres et violer mes interdictions ? Rappelle-toi, je t'avais prévenue que si un jour ton esprit venait à faire de l'ombre au mien, je te chasserai de ma vie. Alors, prends ce que tu as de plus cher et va-t-en d'ici au plus vite ! Bien ! fit la reine, après tout je l'ai mérité car je n'ai pas respecté ta parole. J'accepte donc ton châtiment. Mais sire, je te sais généreux et clément. Me permettras-tu une dernière faveur ? Si c'est la dernière, oui !» De sa voix douce et charmeuse Thassadith lui murmura : «Honore-moi, seigneur, de ta présence au dîner de ce soir puisque c'est le dernier que je prendrai dans ce palais. Veux-tu m'offrir cet agréable souvenir en cadeau d'adieu ? Bon ! céda le roi. Je viendrai, mais je ne m'attarderai pas !» A suivre Conte marocain