Résumé de la 6e partie Excédé, le souverain entra dans une colère noire ; il ne supportait pas que sa femme lui fît de l?ombre par la finesse de son esprit. De sa voix douce et charmeuse Tassadit lui murmura : «Honore-moi, seigneur de ta présence au dîner de ce soir, puisque c'est le dernier que je prendrai dans ce palais. Veux-tu m'offrir cet agréable souvenir en cadeau d'adieu ? ? Bon ! céda le roi. Je viendrai, mais je ne m'attarderai pas !» Le soir venu, la reine prépara un dîner savoureux. Elle décora ses appartements de mille et une fleurs suaves et fit brûler de l'encens de musc et de girofle. Elle se para de son plus beau costume de soirée et arrosa subtilement son corps d'un parfum exquis et enivrant. Quand le roi entra dans la pièce, il aperçut une telle aura se dégageant de sa femme qu'il en fut surpris. Elle l'installa confortablement et lui servit des breuvages divins. Le souverain prit tant de plaisir à être en sa compagnie qu'il ne tarda pas à tomber dans l'ivresse la plus totale. La reine Tassadit attendit de voir son époux endormi pour le mettre dans une malle. Elle prit ses affaires et quitta le palais, traînant son lourd fardeau. Elle marcha toute la nuit. Au petit matin, la reine, enfin rassurée, s'arrêta pour se reposer. Exténuée, elle sombra dans un profond sommeil. Brusquement, le roi, qui commençait à étouffer dans sa cachette, s'agita, donna des coups, ce qui fit sursauter la jeune femme. Elle souleva aussitôt le couvercle. Soulagé, le roi respira profondément, regarda autour de lui et l'interrogea d'une voix nerveuse et impatiente : «Où suis-je et que fais-je ici avec toi ?» Tendrement, la reine lui répondit : «Tu es avec ton épouse, sire ! Souviens-toi ! Hier, tu m'as chassée. Mais tu m'as autorisée à prendre ce que j'avais de plus cher. Et comme je n'ai rien de plus cher au monde que toi, j'ai quitté le palais en t'emmenant avec moi !» Le roi ne sut que répondre. Il fut agréablement surpris par le tour que lui avait joué sa femme. Il comprit à quel point elle l'aimait. Il la serra alors dans ses bras et déposa sur son front un doux baiser. Puis il s'approcha de son oreille et lui murmura : «Je sais, à présent, que ma vie n'aurait plus aucun sens sans toi !» Dès lors, le souverain s'assagit et tempéra ses humeurs. Il n'hésita plus à demander conseil à son épouse. Il devint moins tyrannique et fit preuve d'une grande humilité. Tassadit fit le bonheur de son bien-aimé, mais aussi celui des siens et de tout son royaume. Et dans ce pays-là, quand une fille naissait, on avait alors coutume de dire : «Que le Ciel t'offre la sagesse de Tassadit !»