Résumé de la 5e partie Plutôt la mort que le doute et l'incertitude. Si Ali avait au moins une tombe, dit Fatima, elle pourrait, de temps en temps, s'y recueillir. Cette idée lui trotte dans la tête : pourquoi son petit-fils n'aurait-il pas une tombe ? Elle soumet cette idée à ses voisines qui s'écrient aussitôt : «Une tombe, mais pour mettre quoi dedans ? ? Rien !, dit la pauvre femme. ? Mais il n'y a pas de tombe sans corps ! ? J'ai juste besoin d'une tombe pour me recueillir ! Qu?importe ce qu'il y a dedans !» On essaye de l'en dissuader mais cela devient pour elle une obsession. «Creusez-moi une tombe, pleure-t-elle, creusez-moi une tombe !» Elle l'aurait creusée elle-même si elle avait la force de le faire ! Elle supplie qu'on l'aide, elle fait tant que les hommes du village, de guerre lasse, lui creusent une tombe. Fatima est désormais heureuse ; chaque matin, elle se rend au cimetière, se recueille sur la tombe, parle avec son petit-fils, lui raconte tout ce qu?elle fait? «Elle est folle, disent les villageois. ? Elle ne fait aucun mal. Et puis, cela la console !» Elle est malade, mais elle trouve la force de se traîner jusqu?au cimetière. «Je ne peux pas marcher, dit-elle, mais je suis quand même venue te voir ! Depuis que tu es là, je ne peux rester sans te rendre visite !» Fatima pleure. «Grand-mère !» Elle a bien entendu l?appel, mais elle croit que c?est dans son imagination. Que de fois elle a entendu l?appel du jeune homme ! C?est devenu si habituel qu?elle ne répond plus qu?elle ne se retourne plus. Mais la voix insiste. «Grand-mère !» Comme elle ne tourne toujours pas, une main se pose sur son épaule. «Grand-mère c?est moi, Ali, je suis de retour !» Cette fois, elle se retourne ; ce jeune homme qui se tient debout devant elle est bien son petit-fils. Il est amaigri, il a aussi grandi, mais ce sont ses traits. C'est lui? «Je suis aIlé au village, dit-il, on m?a dit que tu étais au cimetière. Tu te recueilles sur la tombe de grand-père ?» Elle tombe dans ses bras, elle l?embrasse, elle pleure et ensemble ils rentrent au village. Fatima ne lui dira pas que la tombe sur laquelle elle se recueillait est la sienne ! Ali ne l?apprendra que plus tard, une fois sa grand-mère morte. Et c?est dans cette tombe qu?elle a fait creuser qu?elle sera inhumée. Mais il reste à Fatima encore trois années à vivre. Trois années au cours desquelles elle aura le plaisir de marier son cher petit-fils et de tenir dans ses bras son premier enfant, un garçon, auquel elle donnera le nom de son fils, le père d?Ali. «Au prochain tu donneras le prénom de ton grand-père. ? Et s?il s?agit d?une fille ? ? Tu lui donneras celui de ta mère, ou le mien si je ne suis plus de ce monde?»