Résumé de la 4e partie Depuis qu?elle a compris que son petit-fils ne reviendra pas, Fatima s?accroche à ses souvenirs. C?est l?Aïd. Ainsi que le veut la tradition les femmes se lèvent de bonne heure pour préparer la pâte à beignets que l?on fera cuire le matin. En attendant elles se rendent en groupe au cimetière pour visiter les morts. Selon la croyance, en effet, les âmes des défunts reviennent à chaque fête religieuse et écoutent ce que les vivants leur disent. Mais pour cela il faut se rendre sur les tombes avant le lever du jour. Les voisines vont réveiller Fatima qui a des morts à visiter, son fils, sa belle-fille et son époux. ? Khalti Fatima, c?est l?heure de partir au cimetière ! ? Je suis prête depuis longtemps dit la pauvre femme. Son état de santé s?est encore dégradé et on doit lui tenir la main pour qu?elle ne bute pas, dans le noir, sur les pierres. Au cimetière, elle se rend aussitôt sur les tombes de ses disparus. ? Mon pauvre mari, pleure-t-elle, pourquoi m?as-tu laissée ? Tu serais resté nous aurions partagé les peines et les soucis ! Mais hélas, la douleur t?a tué ! Moi je suis moins sensible que toi puisque j?ai survécu à tous les malheurs qui ont frappé ma famille ! Moi, je suis une âme de damnée ! Elle va ensuite sur les tombes de son fiIs et de sa belle-fille tués lors d?un bombardement de l?armée française. ? Mon pauvre fils, ma pauvre fille ! Vous êtes partis à la fleur de l?âge, me laissant seule sans personne pour m?assister dans ma vieillesse ! Même votre fiIs Ali, la prunelle de mes yeux, a disparu ! On me dit qu?il est vivant mais je crois qu?il est mort ! Le doute est encore plus insupportable que la mort ! Il serait mort, j?aurais fait mon deuil, je l?aurais enterré auprès de vous et, en ce jour de l?Aïd, je serais venue lui rendre visite ! Mais hélas, il n?a même pas de sépulture ! Et elle se met à pleurer. D?autres femmes viennent la consoler mais elle répète. ? Si au moins on m?avait ramené son corps ! Je l?aurais enterré ! Je lui aurais donné une sépulture décente, une tombe que je viendrais, de temps à autre, visiter. Cela m?aurait certainement consolée ! Elle retourne chez elle. Plus tard, les voisines viennent lui souhaiter une bonne fête. Elles lui apportent des gâteaux et des beignets, mais elle n?a pas le c?ur à se réjouir ; et puis une idée lui trotte dans la tête. ? Pourquoi, demande-t-elle aux voisines, Ali n?aurait-il pas une tombe ? Une tombe sur laquelle je pourrais me recueillir ? ? Mais Ali est peut-être vivant ! ? Il est mort, répond la vieille. ? Alors il a dû être enterré quelque part par ses compagnons. ? Qu?importe, il a besoin d?une tombe ! (à suivre...)