Culpabilité Le directeur du Parc national du Tassili accuse certains responsables locaux d?être des complices des touristes étrangers pilleurs des sites archéologiques algériens. Depuis les années 1990, les sites archéologiques du Parc national du Tassili ont fait l'objet d'actes de pillage commis par des chercheurs allemands de l'institut allemand Frobenus, au cours d'une campagne de recherches scientifiques au niveau du site menée en 1992. L?affaire a éclaté, en 2001 seulement «alors que des documents prouvant la complicité de chercheurs algériens existent», déclare le directeur du Parc national du Tassili, Hocine Oumbèse. Revenant sur cette affaire, rangée dans les tiroirs et n?ayant jamais abouti, il confie que la signature d?une convention entre le Centre national des recherches en paléontologie (Crap), le Parc national du Tassili et l'institut allemand Frobenus avait pour but la réalisation d'un projet de repérage des sites archéologiques du Parc national du Tassili au moyen du GPS. Une technique qui permet aux chercheurs et aux responsables du secteur touristique de repérer les régions archéologiques et de suivre le mouvement des personnes dans le désert tout en se passant des services des guides chargés d'accompagner les chercheurs et les touristes. Ainsi, entre 1994 et 1997, le laboratoire allemand possédait près de 3 000 points GPS de sites archéologiques très importants. «L'équipe scientifique, composée de chercheurs algériens et allemands, a effectué des recherches approfondies à travers plusieurs sites du Parc national du Tassili où ils ont photographié et fait l'inventaire scientifique des vestiges s'y trouvant. Pourtant, à un certain moment, les recherches ont été désorientées.» Les dépassements ont commencé lorsque les chercheurs allemands ont rompu les clauses de la convention en procédant à des opérations d'exploration de grande envergure à la suite desquelles des parties importantes de pièces archéologiques ont disparu, outre les squelettes d'animaux transportés dans des sacs vers l'Allemagne sans autorisation préalable et ce avant même que les autorités algériennes ne reçoivent des copies des photographies et de l'inventaire scientifique de ces vestiges. Les Allemands ont même procédé à d?autres recherches, pris des photos, aidés par des Algériens, sans toutefois avertir les autorités concernées. Des chercheurs français, qui n?étaient guère concernés et cités dans la convention, venaient travailler avec les Allemands. «Des rapports ont été envoyés dénonçant cet état de fait, ce sont des infractions punies par la loi. Une enquête a été ouverte, les intéressés ont été écoutés, mais le dossier n?a jamais abouti.» Le directeur du Parc national du Tassili ajoute que l'institut Frobenus avait avancé le prétexte de l'absence des équipements scientifiques en Algérie pour parachever les recherches. Néanmoins, par la suite cet institut a refusé de restituer les pièces archéologiques et les photographies subtilisées de l'Algérie qu'il a considérées comme «une propriété intellectuelle de l'institut allemand». Tout en refusant de donner des noms, l?intervenant accuse ses supérieurs de bloquer les dossiers des étrangers qu?il a lui-même tenté d?ester en justice. «On m?a menacé de me relever de mes fonctions, mais je suis avant tout un chercheur et je ne peux pas accepter de voir le pillage de l?un des plus beaux, riches et grands sites du monde. Certains archéologues algériens ont vendu leur conscience scientifique, de complicité avec l'institut allemand dans le vol des pièces archéologiques.» Il indique, indigné, que les procédures légales mettant en cause les touristes pilleurs n?ont jamais été prises en considération par les autorités concernées, les dossiers ont, tout le temps, été bloqués et les pilleurs se baladaient librement, sans être dérangés dans le désert algérien. «Nous avons, depuis longtemps, dénoncé les pillages dans le parc du Tassili, mais des mesures n?ont jamais été prises, même si les lois de la protection du patrimoine existent !»