Identité Biskra veille désormais à la protection des manuscrits des Ziban en vue de préserver la mémoire de toute la région. Références historiques ou repères culturels, les manuscrits représentent, par définition, de véritables archives d?une grande authenticité. Ils constituent la mémoire d?un peuple. C?est pour cette raison qu?il est essentiel de veiller à leur pérennité afin de préserver l?histoire et l?authenticité d?une société, de s?approprier de nouveau l'écriture de notre histoire, une histoire commune et partagée. La ville de Biskra, qui regorge de lieux historiques et de témoignages matériels, comprend un important patrimoine culturel. Cet héritage légué au fil des âges par les anciens serait exposé aux vicissitudes du temps si aucune mesure de protection en ce sens n?était entreprise par les autorités compétentes. Outre ses vestiges historiques, la ville de Biskra jouit d?un autre patrimoine culturel, celui des Ziban, représenté par des centaines de manuscrits séculaires. Il se trouve que cet héritage est menacé de disparition. En vue de parer à pareille faillite, l?Association de protection du patrimoine et des jeunes talents prône une politique de préservation. L?association a entamé son entreprise de sauvegarde par la localité de Khenguet Sidi Nadji qui fut, par le passé, un centre de rayonnement culturel sur toute la région sud-est du pays. Avec les autres oasis des Ziban que sont Lebana, Tolga, Ouled Djellal et Sidi Okba, Khenguet Sidi Nadji constituait un des maillons interdépendants ayant contribué au développement d?un mouvement culturel singulièrement actif dans cette partie du Sahara algérien. En dépit du manque de moyens financiers en vue de concrétiser leurs objectifs, les animateurs de l?Association multiplient leurs efforts pour motiver leur entreprise dans le souci de protéger ce patrimoine national. L?initiative entreprise par l?association s?articule autour de plusieurs actions. La première consiste à répertorier les manuscrits. Ce travail de recensement révèle 150 ouvrages très anciens, dont 95 se trouvent chez des particuliers et une cinquantaine faisant partie des biens waqfs des mosquées. Ensuite leur catalogage est effectué pour mieux les situer, c?est-à-dire avoir une meilleure connaissance de ce patrimoine. Les documents les plus probants pour leur valeur historique, scientifique et technique, sont sélectionnés en vue de leur publication. L?autre action s?organise autour du dépôt de tous ces manuscrits dans des lieux appropriés à leur sauvegarde pour la postérité, en attendant la réalisation d?un centre national des manuscrits. Traitant de théologie, de jurisprudence islamique et d?exégèse, alors que d?autres sont des traités d?algèbre, de logique et de grammaire, ces ouvrages d?une valeur culturelle et même historique inestimable remontent, pour certains, aux XVIe et XVIIe siècles ; d?autres, tels ceux détenus par la prestigieuse zaouïa Athmania de Tolga ont été rédigés il y a près de treize siècles. La plupart sont en langue arabe, alors que d'autres sont en langue turque et remontent à la période de la régence ottomane. Il est à rappeler qu?en mars 2003, le président Abdelaziz Bouteflika, qui a visité l?exposition organisée à Zeribet El-Oued par cette association autour des manuscrits des Ziban, avait instruit les concernés d?envisager la possibilité de créer un centre de wilaya des manuscrits. L?existence d?un centre voué à cette tâche est nécessaire dans la mise en valeur de ces manuscrits, qui constituent un pan de notre histoire, notamment celle de Biskra et des régions limitrophes. Cela ouvrirait la voie à la recherche scientifique et historique en aidant à l?approfondissement des connaissances sur notre identité commune. En attendant la réalisation d?une telle infrastructure, l?association continue à ?uvrer dans ce travail de protection, jusqu?à nourrir l?ambition de faire publier les chefs-d??uvre de cet immense patrimoine.