Improvisation L?artiste s?emploie à inscrire sur la soie des représentations calligraphiques ou des motifs empruntés aux formes végétales ou bien analogues aux allures arabesques. «Sept variations indigo» est le titre commun à l?ensemble des ?uvres présentées dans le cadre de l?exposition qui se tient à la galerie d?art Isma (Riad el-Feth). Les ?uvres accrochées sur les cimaises de la galerie portent également le titre de «Alep, voyage en soi(e)». Car c?est dans cette cité, au nord de la Syrie, , une ville millénaireque l?artiste, Rachid Koraïchi, est venu chercher l?inspiration, y trouver la couleur pour sa création, à savoir l?indigo d?Alep qu?il associe à la soie sur laquelle il imprime divers motifs, les uns divergeant des autres, si bien que les tableaux semblent, à première vue, être identiques. Mais ce n?est qu?une impression, un trompe-l??il venant leurrer notre regard. Il faut, pour distinguer la différence, percevoir l?identité de chacun s?en rapprocher et examiner attentivement les tableaux, les uns après les autres, jusqu?à en déceler les moindres détails et la disparité des motifs et la manière dont chacun est disposé et représenté sur la soie qui, à la manière des anciens, est confectionnée de façon à conférer à chacun des tableaux sa spécificité. Certes la couleur est la même, l?indigo, qui étonne et séduit, mais les motifs et leur configuration précise et parfois rigoureuse diffèrent d?un tableau à l?autre. Rachid Koraïchi se livre adroitement à la composition d?une succession d?images graphiques. Ces «écritures» semblent ne pas frapper au plus profond la sensibilité de l?observateur. Certes les tableaux que l?artiste expose sont beaux, mais point artistiques, ou encore inscrits dans un discours de plasticité qui les définit et fait donc leur qualité et leur valeur. Puisque ce dernier n?effectue pas le périple à travers ses tableaux avec ses mains. Il n?y trace pas avec ses gestes tant de trajectoires et tant de figurations. Il utilise bonnement des tampons sur chacun d?eux figure un dessin qu?il avait au préalable imaginé, et comme les anciens imprimeurs de tissu exerçant encore au début du XXe siècle, il marque d?un mouvement raide la soie, se révélant ainsi sur fond indigo des motifs en noir. Cette pratique réduit l??uvre de sa qualité esthétique, la dépouillant donc de son originalité, voire de sa créativité. Déjà pareille technique manque de spontanéité et d?authenticité, voire de personnalité. Il y a effectivement un manque d?individualité et de caractère dans le travail de l?artiste, et celui-ci (son travail) se fait de la même manière que celui d?un artisan. Cela revient d?emblée à dire que l?artiste s?est littéralement comporté, et au regret de beaucoup, comme un artisan et non pas comme un professionnel en matière de recherche et de création de l?esthétique, donc de la poésie, sachant que ce dernier est singulièrement coté ici comme ailleurs (France, pays arabes?) pour ses créations.