Rêves Autrefois, il y avait une jeune fille, dont la beauté était à l'image du jour. Ses parents l'entouraient de tous les soins, et cédaient à tous ses caprices. Un jour, alors qu?elle était au jardin, elle aperçut un colporteur qui disait : «Je vends du malheur, à tout acheteur. Prenez madame. Pour quelques dirhams.» Intriguée, elle courut retrouver sa mère, et lui conta ce qu'elle avait entendu, laquelle, pour la calmer, lui dit : «Ma chère enfant, un tel désir peut-il être raisonnable ?» «Je serai heureuse de le voir», lui répondit sa fille. La mère s'étonna que sa fille désirât un tel achat, elle voulut la raisonner, en vain ! La jeune fille insista tant et si bien que la mère consentit et interpella le marchand : «Ô marchand, que vends-tu ?» «Du basilic», répondit-il. Aussitôt, un plant fut acheté, et la jeune fille le mit en terre dans le jardin. Le lendemain, la première pensée de la jeune fille fut pour le basilic, et elle s'empressa d'aller l'arroser. Mais à cet instant, un magnifique oiseau vint se poser près d'elle, son plumage était vert, couleur de paradis, son cou gracieux bordé d'une collerette soyeuse, sa tête était couronnée d'une huppe et, au fond de ses yeux bleus, miroitaient doucement, toutes les couleurs de l'arc-en-ciel? Il interpella la jeune fille en ces termes : «Maîtresse du basilic, toi qui le laves et le nettoies. Dis-moi, dans son bouquet, combien de feuilles il déploie ?» Pour toute réponse, elle ôta de son poignet un bracelet d'or fin, et lui lança. L'oiseau s'envola, et disparut dans le ciel, le bracelet dans son bec. Le lendemain, et tous les autres jours, la même scène se répéta. L'oiseau renouvelait sa question, et la jeune fille renouvelait son offrande : bagues, colliers, bracelets, boucles, tous ses bijoux y passèrent, jusqu'au jour où elle n'eut plus la moindre breloque à lancer. Dès lors, le bel oiseau cessa de venir. (à suivre?)