Action 2 633 morts lors du séisme du 10 octobre1980 à Chlef, quels enseignements avons-nous tirés depuis ? La réponse n?est guère reluisante au regard du laisser-aller qui a marqué ces 24 dernières années. Bien que les réglementations existent, leur application laisse à désirer. Le séisme meurtrier de Chlef avec ses 2 633 morts a conduit les pouvoirs publics à établir le Règlement parasismique algérien (RPA) de 1981, de 1998 et 1999. Cependant, la prise en compte de ce règlement par les entrepreneurs privés ne s?est pas encore généralisée. Ainsi, nul ne peut prétendre ignorer que l?Algérie est située dans une zone sismique puisque des stations sismologiques autonomes ont été mises en place depuis le début du siècle, renforcées par un réseau télémètre installé à partir de 1990. Ce réseau est actuellement composé de 32 stations dont une principale à Alger et trois régionales (Constantine, Chlef et Oran). En matière d?études, l?année 1980 a constitué un tournant puisqu?une série d?actions pour évaluer les aléas régionaux et locaux a été menée en concertation avec l?Unesco. Cet organisme financera également une opération de microzonation des centres urbains et une étude de la vulnérabilité des édifices. Des efforts qui, malheureusement, n?apporteront pas les résultats escomptés. Le non-respect des réglementations rendra cet arsenal juridique totalement caduc. Des entrepreneurs, notamment privés, placeront le profit avant le respect des mesures de sécurité. Ainsi, les matériaux de construction de moindre qualité entreront dans la réalisation d?édifices en tout genre augmentant le risque d?effondrement à la moindre secousse. Le séisme du 21 mai 2003 ne fera que confirmer cette thèse. Le citoyen, pour sa part, n?est pas aussi innocent, puisque nombreuses sont les habitations individuelles qui tomberont comme des châteaux de cartes lors du dernier séisme. L?avarice l?emportera hélas ! sur le bon sens. Ceux qui habitent dans des immeubles opéreront, pour leur part, des modifications parfois à la limite du rationnel. Certains éliminent un mur porteur quand d?autres effacent carrément un pilier. Il faut dire que ces apprentis maçons ont eu la main libre faute de contrôle. Les pouvoirs publics, ne jugeant pas nécessaire de punir les fautifs, ont ouvert la voie à toutes formes de dépassements. Les catastrophes naturelles comme celle du 21 mai 2003 finissent par dévoiler tous ces dépassements et infractions aux réglementions pourtant érigées pour que le cataclysme de Chlef soit une leçon. Une leçon mal apprise finalement.