Dans ces lois, il existe de nouveaux règlements parasismiques. L'Expression : Deux années se sont écoulées depuis le séisme de Boumerdès, quel constat faites-vous en matière de prévention et de sensibilisation contre le risque sismique? Yelles Chaouch-Abdelkrim: Effectivement, deux ans après ce séisme, il est bien évident qu'on en tire des enseignements. Les lois promulguées en décembre 2004 résument toutes les actions du gouvernement contre les risques sismiques. Dans ces lois, il existe de nouveaux règlements parasismiques. En plus de cette batterie de lois, il y a eu également un certain nombre de décrets concernant la réglementation en matière des normes de construction. Ce qui renforce de manière significative la prévention contre le risque sismique. Cette méthode est en train de se généraliser maintenant à tous les niveaux. Il y a aussi l'assurance contre les catastrophes naturelles devenue obligatoire. En résumé, les leçons tirées du séisme de Boumerdès sont multiples et importantes, à commencer par l'importance des études de sol avant même l'acte de bâtir jusqu'au comportement de l'individu au moment d'une secousse tellurique. Ce sont autant d'enseignements retenus de ce séisme. Il ne faut pas oublier aussi la prise en charge des victimes de ce séisme par les autorités. Les chalets puis un programme de relogement en dur qui a été établi à leur profit. Les microséismes qui continuent à se produire à travers tout le territoire national, sont-ils des répliques ou alors d'autres séismes? Pour une partie, ce sont effectivement des répliques par rapport au choc principal qui s'est produit à Zemmouri. Mais dans les autres régions du pays en dehors de Boumerdès, ce sont des séismes comme il en existe sur toute la frange littorale du nord du pays, laquelle connaît une activité sismique continue. Chaque mois, il y a 50 microséismes qui se produisent dans le pays. C'est une activité tout à fait normale qui n'a rien de particulier puisque nous sommes dans une zone de convergence de plaques tectoniques à l'origine de cette activité. Des équipes ont été chargées de faire un travail de microzonage au niveau de la wilaya d'Alger, de quoi s'agit-il exactement? Une équipe mixte de Japonais et d'Algériens. C'est la Japaneese international Construction Agency pour le Japon et le ministère de l'Habitat pour l'Algérie ainsi que d'autres experts algériens. Le travail consiste à connaître l'aléa sismique ( les sources du séisme ) et connaître les réponses des sols en cas d'agression sismique. Il s'agit aussi et surtout d'évaluer la vulnérabilité des bâtiments en cas de séisme, comment ces bâtiments vont réagir en cas d'agression sismique. Ce travail de microzonage a commencé il y a quelques mois, il se terminera dans une année et demie. On a assisté ces deux dernières années à des séismes de grande magnitude aux quatre coins de la planète. Quelle interprétation scientifique donnez-vous à cela? Encore une fois, je tiens à souligner qu'il n'y a pas de recrudescence de l'activité sismique. Il n'y a pas d'accélération de l'activité sismique. La planète Terre existe depuis 4,5 milliards d'années et la même activité s'est toujours produite. Ce qu'il faut retenir par contre, c'est la médiatisation à outrance de ces séismes qui donnent l'impression d'une recrudescence phénoménale. Il faut signaler aussi l'autre aspect qui est celui d'une urbanisation intense sur les zones côtières, notamment à forte activité sismique, qui fait qu'aujourd'hui l'impact d'un séisme est beaucoup plus important.