Un autre voile célèbre algérien est la mlaya, porté par les femmes de l'Est, notamment à Constantine. Signalons d?abord que le mot nous vient de l'arabe classique, milâyya (on écrit aussi mulâ'a et malâ?a). D'après les sources littéraires, ce mot vient du nom de la célèbre chanteuse Azza al Mayla, qui portait ce voile quand elle se produisait. En Orient, ce voile était, au début, porté par les hommes, puis il devient un voile féminin. Le voyageur anglais, Burckhard, le décrit ainsi, dans son ouvrage, Travels in Arabia : «Les femmes de La Mecque portent une mellaye de soie, à raies bleues et blanches, de fabrication indienne.» Un autre Anglais, Lane, dans Modern Egyptian : «C'est une sorte de manteau bleu et blanc appelé milayâ, porté aussi par quelques hommes et surtout par les femmes.» En Algérie, la mlaya, portée par les femmes des régions de l'Est, est traditionnellement de couleur noire. D'après une tradition locale, c'est à la suite de l'assassinat du bey de Constantine, Salah Bey, qui s'était révolté contre la Régence d'Alger, que les femmes se sont mises à porter cette couleur, en signe de deuil. On ajoute que les mêmes femmes se sont mises aussi à porter des sandalettes sans talon, appelées chebrella. L'association de la couleur noire au deuil d'un grand personnage se retrouve aussi dans les Aurès : les femmes chaouias, dit-on, s?habillent de noir, à la mort de la Kahina. Aujourd'hui, hayek blanc d'Alger, mlaya de l?Est, lizar... ont tendance à disparaître devant le hidjab, la longue robe surmontée d'un foulard, khimar, importé d'Orient et qui a fait son apparition à la fin des années 1970.