Avec le hayak, les Algéroises portent, en général, la'djar, une voilette triangulaire, entourée de dentelles. Les femmes se couvrent en général le corps tout entier, mais les plus jeunes, comme pour montrer leur charme, soulèvent un pan du voile, montrant leurs jambes. Dans certaines régions ? et même à Alger ? les femmes voilées ne portent pas la'djar, mais se cachent le visage avec un pan du voile, ne laissant paraître qu?un ?il. C'est ce que les Algérois appellent baba 'amya, «littéralement «père-aveugle» ou «père-borgne». La femme, entièrement enveloppée dans son voile, peut passer ainsi inaperçue : même son père ou son mari ne la reconnaîtrait pas ! Cette façon de porter le voile semble très ancienne, puisqu'elle est citée, à propos des femmes orientales par Hérodote, le célèbre voyageur grec du Ve siècle avant J.-C. Le voile est parfois appelé lizar. Ce mot, d'origine arabe, désignait des sortes de manteaux portés par les hommes. Mais par la suite, ce mot va désigner un vêtement exclusivement féminin, aussi bien en Orient qu'au Maghreb. Au XVIIIe siècle, le voyageur espagnol, Marmol, le cite à propos des femmes marocaines. «C'est, écrit-il, un habit large, qu'elles appellent licares et qu'elles jettent sur elles, en l'attachant à la poitrine.» En Algérie, lizar était également porté comme voile, mais on lui préférait le mot hayek. Notons, cependant, qu'en Kabylie, le mot lizar est d'un emploi plus répandu. On emploie aussi, en Algérie, le mot izar pour désigner les rideaux, le mot ayant aussi le sens de «pièce d'étoffe» pouvant servir à la fois de voile et de rideau, voire de couverture de lit !