Opinion Invité hier du forum de l?Entv, Ksentini a déclaré que «les droits de l?Homme en Algérie sont une carte de visite importante» pour l?image de l?Algérie à l?extérieur. «Le respect des droits de l?Homme en Algérie est une exigence des pays occidentaux», a déclaré Mustapha Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion des droits de l?Homme (Cncpdh) qui dira également : «L?essentiel pour ces pays occidentaux, c?est que l?Algérie sécurise l?espace algérien pour qu?ils viennent investir.» Toutefois, il a signalé que «l?Occident n?est pas un modèle absolu, en la matière mais c?est un modèle». Il faut dire, selon Ksentini, qu?il existe 70 commissions semblables à la Cncpdh, dans le monde recommandées, en 1993, par les Nations unies. Par ailleurs, il a estimé que «l?institution judiciaire a un rôle dans le cadre des droits de l?Homme». Il lui a demandé, au passage, d?être à la hauteur. Pour ce faire, dira-t-il, «le juge doit jouir d?une indépendance totale et absolue». Ce qui n?est pas encore le cas en Algérie. Le président de la Cncpdh a témoigné de l?avancée de l?Algérie en matière des droits de l?Homme, depuis l?installation, en 2001, de son institution placée sous la tutelle du président de la République. Cependant, il subsiste de «nombreuses lacunes», notamment le «non-respect des droits des citoyens par l?administration». Il pointera un doigt vers les services des impôts tout en notant que «ce mépris est mutuel». S?agissant des autres lacunes, Ksentini a parlé des droits sociaux des citoyens à la santé, au logement, à l?emploi qui sont bafoués. Il a souligné qu?«il faut y remédier en toute urgence». Toutefois, il est soulagé quant à la proposition de dégager par l?Etat 50 milliards de dollars. Ksentini a répondu aux questions relatives aux deux dossiers sensibles de l?heure que soulève la question des droits de l?Homme en Algérie. Il s?agit de celui des disparus qui reste en suspens jusqu?au 31 mars prochain, date de remise du rapport final de la commission au président de la République Abdelaziz Bouteflika, tout en insistant sur le fait que «les familles des disparus refusent de recourir à la justice». Il a cependant confirmé le chiffre de 6 421 disparus. L?amnistie générale est l?autre dossier qui demeure une «proposition» du chef de l?Etat pour «ouvrir le débat national» sur la question. «Aucune décision n?a été prise pour l?instant», a précisé M. Ksentini. S?agissant du Code de la famille, Ksentini a suggéré de dépassionner le débat. Et de conclure : «Les droits de l?Homme sont une culture qui ne s?est pas faite comme il fallait chez nous.» Il a précisé que son institution joue le rôle de «conseiller» du président de la République en matière de droits de l?Homme. «Elle porte un avis sur les textes de loi dans le respect des droits de l?Homme.» - Interrogé sur les prisonniers algériens à Guantanamo, le président de la Cncpdh a répondu : «Ces prisonniers ont la double nationalité.» Il ajoutera : «Nous avons reçu le représentant de leur famille et nous lui avons expliqué que les statuts de la commission ne nous permettent pas de nous adresser à un gouvernement (américain). Nous leur avons suggéré de s?adresser au ministère des Affaires étrangères. Ce qui me semble en train de se faire.» - Pour ce qui est de l?affaire Benchicou, «une demande de mise en liberté provisoire a été faite», dira M. Ksentini. Et d?ajouter : «Je ne peux pas discuter de la procédure ni de la décision qui sera prise, mais ce que je n?arrive pas à comprendre, c?est ce qui a pu conduire le juge à le mettre en détention préventive. Ce fait relève de l?abus de cette détention au lieu du contrôle judiciaire.» Dans le même contexte, Ksentini a déclaré, au sujet du code de l?information, que «le journaliste a le droit à la sécurité comme il est soumis à une éthique dans l?exercice de sa mission».