Le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) dénonce vivement les dernières déclarations de Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères, et celles de Mustapha Farouk Ksentini sur le dossier des disparus. Interrogé à Rome sur l'interdiction de la tenue du séminaire des associations de disparus et des victimes du terrorisme, le premier diplomate du pays a affirmé que « la signature de la Convention sur les disparitions forcées est un témoignage de la volonté de l'Etat algérien de ne rien cacher ». Pour le CFDA, M. Bedjaoui veut uniquement « atténuer la polémique sur l'interdiction du séminaire » et éviter de s'expliquer sur un tel empêchement. Le collectif trouve, en revanche, que M. Bedjaoui manifeste « une volonté de cultiver l'oubli ». Il tire son argument de la déclaration de ce dernier appelant à « apaiser les cœurs et les esprits pour tourner définitivement une page douloureuse de l'histoire ». Le CFDA, qui a réagi à ces déclarations dans un communiqué rendu public hier, estime que les propos de M. Bedjaoui sont à la limite de l'« amnésie ». Le CFDA critique, en outre, les propos de M. Ksentini, selon lesquels « l'article 46 de la charte pour la paix et la réconciliation nationale interdit d'évoquer l'affaire des disparus ». « Il n'a vu de cette interdiction aucune atteinte aux libertés fondamentales inhérentes à chaque individu et groupes d'individus garanties par de nombreux traités internationaux », est-il souligné dans le même communiqué. Le collectif ira encore plus loin en se demandant si la mission de M. Ksentini est de défendre les droits de l'homme. « On a peine à croire que cet homme (Ksentini) soit un défenseur des droits de l'homme », est-il précisé, ajoutant que « M. Ksentini semble cependant être bien plus soumis aux directives politiques qu'animé par la mission qui lui a été confiée ». Dans le même sillage, le CFDA bat en brèche l'argument de M. Ksentini, selon lequel l'interdiction de cette rencontre est due au fait que l'Algérie vit encore sous état d'urgence. « Le séminaire n'était en aucun cas une manifestation de rue » pour qu'elle tombe sous le coup de l'état d'urgence, est-il indiqué. Le CFDA affirme ainsi que « les victimes des malversations étatiques et non étatiques ne peuvent se résigner à tomber sous le coup d'une loi anti-démocratique et violatrice des libertés fondamentales ». Il demande encore une fois que la vérité soit faite sur toutes les disparitions forcées en Algérie.