Difficultés A l?ère des autoroutes de l?information, accomplir ses études obligatoires dans certaines communes montagneuses de Kabylie est un véritable parcours du combattant. L?exemple de la commune d?Iloula Oumalou, dans la daïra de Bouzguène dont la création remonte pourtant à 1967, montre l?incapacité de ces collectivités locales reculées à résoudre les plus basiques des problèmes de leurs administrés. Cette commune, constituée de seize villages éparpillés sur un massif montagneux très étendu, dispose de deux collèges d?enseignement moyen et d?un lycée, mais n?arrive toujours pas à se défaire des problèmes liés à ces structures scolaires, notamment la garantie d?un repas de midi (pour l?un des deux CEM) et d?un transport scolaire organisé et accessible à tous y compris aux modestes bourses. Concernant la question du transport scolaire, la commune semble complètement désintéressée depuis son désengagement de la charge de cet unique service public qu?elle assurait, auparavant, tant bien que mal à ses élèves du moyen et du secondaire. Sans subvention, ni contrôle ni aucun encadrement, le transport scolaire a été jeté en vrac aux privés qui le gèrent depuis à leur guise, c?est-à-dire à leurs profits mercantiles. Ce qui a engendré des factures salées à la plupart des ménages qui possèdent plus de deux enfants scolarisés, sans parler de ceux de cinq enfants dans certains cas. Mais le comble dans cette histoire de transport «complètement lâche» c?est que hormis deux bus autorisés, il est assuré dans une improvisation ahurissante par des fourgons de 9 places qui exploitent ce créneau «sûr» et porteur en toute clandestinité quant à la réglementation en vigueur dans le secteur du transport public de voyageur qui exclut les véhicules de moins de 12 places. D?ailleurs la question de l?absence de subvention du transport scolaire dans cette commune est liée, en partie, selon un responsable de l?APC, à cette situation justement, car du point de vue de la réglementation la commune ne peut pas subventionner un service qui n?existe pas officiellement. Cependant, cet aspect des choses n?explique pas à lui seul la démission de la commune de l?une de ses missions officielles : l?aide sociale à ses citoyens les plus défavorisés. A cet égard, même les élèves transportés par les deux bus en question, censés être «tous subventionnés à hauteur de 20 % du montant de l?abonnement mensuel selon le même responsable, n?ont rien vu venir jusqu?à présent à cause des lenteurs administratives», selon ses propos. Par ailleurs, a-t-il précisé, «l?APC vient de décider de cibler la catégorie d?élèves pour laquelle il sera apporté une subvention conséquente». Comme ça, une décision qui intervient au milieu de l?année scolaire sur une autre décision qui n?est pas encore appliquée. L?autre problème qui met à nu l?incapacité d?agir de cette commune, est celui d?une cantine qui tarde à se concrétiser dans le deuxième CEM construit en altitude, au village Agoussim exactement. Programmée depuis 1997, cette structure demeure à ce jour un simple «fantasme montagnard» malgré la réunion de tous les éléments concrets et objectifs à cet effet : l?argent, la plateforme et l?entreprise de réalisation. Où est le problème alors ? C?est là justement que le bât blesse. De report en report, la réalisation d?un réfectoire dans la commune d?IIoula Oumalou est tellement difficile que l?on croirait qu?il s?agit de la construction d?une station spéciale. L?entreprise à laquelle fut confiée cette mission avait l?air de se moquer du monde en toute impunité, des années durant, avant que «les services compétents» (y compris ceux de la daïra et de la wilaya) ne se rendent compte de la moquerie et se décident enfin «de chercher une autre entreprise», selon les dernières nouvelles d?un feuilleton interminable. Et dans l?attente de la concrétisation de cette trouvaille, les élèves du CEM d?Agoussim, dont les parents ont effectué bénévolement les travaux d?aménagement de la piste d?accès au site afin de satisfaire le dernier caprice de l?entreprise défectueuse, continueront à prendre leur maigre «repas» dans leurs musettes à la façon des bergers d?antan.