Sélectif L?aventure de Jeel Music Live a commencé en 2000. La première édition, qui s?est tenue au stade 20-Août, était ouverte au grand public. Il se trouve que depuis, le droit au spectacle n?est accessible qu?à une élite. Jeel Music Live, initié par Sid Ahmed Gnawi, qui se veut créateur d?événements, est un concept de spectacle qui a commencé à émerger, il y a deux ans. Ce dernier, à savoir l?initiateur, veut faire quelque chose pour que le droit au spectacle ne soit plus un discours, mais plutôt une réalité, pour offrir à la jeunesse algérienne une tournée de spectacles de niveau international. Mais de quelle jeunesse s?agit-il ? Il se trouve, cependant, que cette réalité que l?organisateur cherche à concrétiser est payante, que le droit au spectacle est inaccessible à la petite et moyenne bourse, puisqu?il n?est réservé qu?à une élite : la bourgeoisie. Cela revient à dire que l?organisateur s?emploie à offrir du spectacle seulement à cette jeunesse, qui fait partie du cercle des privilégiés, puisque l?accès à «l?espace de spectacle» est fixé à presque deux mille dinars. L?on parle d?emblée de spectacle privé, restreint, où le peuple, assoiffé de soirées musicales, se voit, une fois encore, frustré et incapable de pouvoir assister aux spectacles qu?animent ses idoles. Sid Ahmed Gnawi, président de Timgad Production, et producteur de Nass m?lah city, s?est rabattu sur l?endroit le plus huppé de la capitale, le Sheraton Club-des-Pins, s?écartant ainsi de ses objectifs. Car la jeunesse, issue du «petit peuple», est, de ce fait, exclue, privée de ce qui peut l?inviter à consommer un produit culturel. La culture devient alors un luxe, une référence, un espace réservé uniquement à une seule catégorie sociale : les fortunés, ainsi qu?on les nomme, ces privilégiés qui peuvent aisément s?offrir un billet d?entrée fixé à 1 700 DA, sans qu?ils aient le regret d?avoir touché à leur budget, ou encore d?avoir puisé dans leurs économies. La question qui reste à poser est la suivante : la culture relève-t-elle de la bourgeoisie ? Ou bien encore, s?accorde-t-elle aux aspirations du peuple ? Quelle est la place de ces jeunes qui ne peuvent pas se permettre pareil luxe dans cette politique qui encourage l?esprit de la sélection ? Que doit-on leur offrir comme spectacles ? Seraient-ce des spectacles de troisième choix, et que la qualité c?est la bourgeoisie qui se la réserve ? Jeel Music Live «s?empare» de la culture, la rend sélecte et fait en conséquence de l?activité culturelle un acte lucratif, une référence sociale, voire un luxe.