C'est un essaim de jeunes qui s'est déplacé, jeudi, pour se trémousser sur les rythmes de Dj Abdel, Double Kanon et Baâziz... Vingt-trois heures aux abords de la scène en plein air de l'hôtel Sheraton Club-des-Pins. Une foule de jeunes gens mais aussi des familles mises sur leur 31e sont venues assister à la première soirée de Jil Music Live. Deux écrans géants officient des deux côtés de la scène. Une armada de techniciens qui, à la régie, qui sur scène achèvent de préparer le plateau et régler le son. En attendant l'arrivé des artistes, on danse sur les vidéo-clips qui sont diffusés en boucle à l'écran. Baâziz le chanteur protestataire de Cherchell et de tous les Algériens est le premier à monter sur scène. Le public répond avec ferveur au délire du chanteur et reprend avec lui les refrains de ses tubes sempiternellement revisités. Baâziz, malgré le lieu, ne déroge pas à sa nature de provocateur, caustique incandescent. Tout le monde passe sous sa coupe. Sont épinglés, les généraux, Les bandiya ouled lahram, HHC et même...Atika avec une pointe d'hésitation tout de même. Si le rythme est bien entraînant, le répertoire lui, en revanche n'est pas convaincant. En une heure de temps, Baâziz n'aura fait que reprendre ses anciens morceaux et ceux des autres à l‘image de Mamazali de Mami, Assima de Moh KG2 et même un célèbre titre de Zoulikha. Des nouveautés? Des chansons tirées du patrimoine (tunisien et chaoui) et réarrangées façon Baâziz. Pas très recherché donc. Mandat de dépôt est le nom de son nouvel album qui sortira au mois de septembre. On verra. Dans un tout autre registre, Lotfi El-Annabi de Double Canon, lui aussi a des choses à dire avec son tchatch de rappeur. Ce dernier passe en revue les moeurs de la société, le système corrompu, le piston et l'escroquerie de certains éditeurs qui n'hésitent pas arnaquer les petits chanteurs qui rêvent de devenir grands. Une fois n'est pas coutume, en peu de temps, Lotfi peut se targuer de se considérer comme un artiste professionnel. Lors d'une conférence de presse animée l'après-midi même, au sein de l'hôtel en compagnie de Baâziz et de Sid Ahmed Guennaou, l'organisateur de Jil Music Live, Lotfi aura surpris plus d'un, par son franc-parler et ses propos tranchants à l‘adresse de son public. Il dira: «Quand on est arrivé au stade professionnel, le prix du billet (1700 DA) ne nous intéresse pas. On ne fait pas dans le social». C'est vers 2h que Dj Abdel se mettra au platine, distillant à pleins décibels des sons hip-hop et R'nb. Pour faire monter la température d'abord, la venue surprise de Djamel Debbouze qui fera comme à son habitude son numéro. Un vrai show à lui tout seul, gueulant à tout va et bougeant dans tous les sens. Une vraie puce en furie. L'autre surprise très «hot», celle-ci, est le show très chaud de ces deux danseuses aux tenues sexy dont leur façon de se donner en spectacle, provocatrice et lascive, conviendrait mieux à une boîte de streap-tease ! Du mauvais goût, en somme. Qu'importe pour l'organisateur. Ce dernier était sans doute ravi eu égard au nombre impressionnant des spectateurs. Cela veut dire plus d'entrée d'argent. Sid Ahmed Guennaoui l'a bien souligné lors de la conférence de presse «On n'est pas prêts à essuyer un second échec financier». En effet, Timgad Prod avait perdu gros dans sa première tournée, réalisée en 2000. Un nouvel échec et c'est la fin de Jil Music Live. «On est là pour offrir aux gens un super spectacle qui se veut au top, grand et bien. Transmettre aux jeunes du rêve. Maintenant, il faut que le spectacle soit payant. Il faut que je rentre dans mes frais. Je ne suis pas le Croissant-rouge. On est là pour ouvrir les portes à ceux qui viendront après nous. Réaliser une tournée pareille n'est pas chose facile, vu tous les problèmes financiers, techniques et administratifs, auxquels on a dû faire face. Réellement, j'aurais aimé organiser les concerts en dehors du Sheraton, mais tous les stades étaient réquisitionnés. On n'est pas une multinationale. On n'est pas subventionné. On s'est imposé par notre travail. Nous agissons dans différents domaines. Si un ministère nous reçoit, c'est pour notre travail, non pas, par piston», a-t-il expliqué. Enfin, le meilleur reste à venir puisque notre king du raï, Khaled, se produira le 20 août prochain.