Khaled Hadj Brahim, en concert, jeudi soir, à la Coupole du complexe du 5-Juillet, a été réélu à l'applaudimètre roi du raï par le public algérois qu'il rencontre pour la première fois depuis cinq ans — si l'on excepte son passage “élitiste” en 2003 au Sheraton d'Alger avec Jeel Music —. à une heure du coup d'envoi, la foule était déjà massée devant la scène. Il fallait courir, crier, jouer du coude pour espérer effleurer ce bout de rêve parti des cabarets improbables d'Oran dans les années 70 pour devenir un roi incontesté. Entouré d'une flopée de musiciens, dont Mohammed Rouane ex-membre de Mediterranéo au “mandole”, recruté pour l'occasion, Khaled a proposé ce soir-là au public un voyage à rebours. Un voyage qui commence avec la chanson-titre de son dernier album Ya Rayi et se termine sur S'hab El-baroud, un de ces vieux tubes qui ne vieillissent jamais. Au milieu passent Wahran, Wahran Wahran, Bakhta, ces chansons qui racontent l'histoire du raï, d'Oran et de sa musique bédouine que Khaled a su, parmi tant d'autres, urbaniser. Défilent, par intermittence, ces morceaux sophistiqués qui ont permis au chanteur de s'incruster dans les foyers français, les Didi, Aïcha et autre N'si N'si. Et s'exacerbe aussi cette culture de l'excès que cette musique charrie sur son passage depuis tant d'années. Cette culture, qui a donné du fil à retordre aux services de sécurité, disséminés dans la foule, effectuant des fouilles discrètes, à la recherche de quelque substance illicite. D. B.