Animateur et producteur à la radio et à la télévision, il a toujours contribué à l'évolution et à la promotion de l'artiste algérien tant sur la scène nationale qu'internationale. Il nous livre ici ses nombreux projets et ce qu'il ambitionne pour l'avenir de la chanson et du spectacle en Algérie. L'Expression: Quelles sont les raisons qui ont amené la deuxième édition de la tournée Jil Music Live à être annulée? Sid Ahmed Gnaoui: Elle a été annulée pour deux raisons: la première concerne les événements qui ont secoué la Kabylie. Il n'était pas concevable de faire une tournée pendant que des gens se faisaient tuer. La deuxième est le temps très court qu'on avait pour se préparer. Une tournée ne se prépare pas en une semaine mais bien à l'avance et au mois d'août, on ne savait pas encore si cela allait se calmer. Donc on ne pouvait pas prendre de risque. De plus, il y avait le Festival mondial de la jeunesse et de l'étudiant ce même mois. On ne pouvait pas organiser deux grands événements à la même période. A propos de la tournée de l'année dernière... Je tiens à préciser à cet effet que We aime El-Djazair sur la tournée de l'année dernière n'était qu'un associé. Il n'en était pas le financier. C'est moi qui lui ai apporté toute la logistique. Jil Music Live, c'est d'abord Timgad Production... Dans cette tournée où j'ai laissé des plumes, We aime et moi avons partagé pertes et profits... Peut-on connaître le nom des artistes qui devaient prendre part à la tournée de cette année? On avait signé, entre autres, avec Khaled... D'ailleurs, il était vraiment déçu de ne pas pouvoir chanter en Algérie, car il voulait absolument le faire cette année. Il y avait aussi Shola Ama, Assia, Yannick... Tout était prévu. Khaled avait même décalé des dates de concert. Justement, comment ces artistes ont-ils pris cette annulation? Pas trop mal, Khaled est un ami. Pour les autres, on a prévu une compensation. Tous les artistes qui étaient prévus pour la tournée ont été dispatchés en soirée privée. Il y eut d'abord Delegation notamment... Shola Ama, elle, est prévue pour le 20 septembre à l'hôtel Sheraton et le 21 à l'hôtel Phénix d'Oran. Pour le reste, on essaiera d'organiser leur retour au fur et à mesure. Après un court passage sur Alger Chaîne III, aujourd'hui, vous animez une émission musicale sur Radio El-Bahdja. Pouvez-vous nous en parler? Elle s'appelle Bled Remix. C'est une émission adaptée à la musique, un domaine dans lequel j'évolue depuis pas mal de temps. On peut dire que c'est une version plus libre de Jil Music mais pas exactement. La seule différence c'est que l'interactivité ne peut s'opérer pour des raisons techniques. Elle est enregistrée dans des conditions «top». Elle passe deux fois par semaine (tous les mardis et vendredis à partir de 19h30 NDLR.) Elle est produite par Timgad Production en association avec Pulsion Music et avec comme partenaire Coca-Cola. La radio ne produit rien, elle diffuse simplement le programme comme la télévision. Il y a enfin DJ Abdel... Et à propos de lui... Dj Abdel et moi, nous nous connaissons depuis pas mal de temps. De plus, il a collaboré l'année dernière avec Kut Killer sur la tournée Jil Music Live. Son parcours est étonnant. C'est le Dj rappelons-le de Canal+. Il anime aussi une tranche horaire d'une heure et demie tous les jours sur Fun Radio, ce qui n'est pas négligeable. Il a par ailleurs signé la musique du spectacle de Jamel Debbouz et de Gad El-Maleh. Il a à son actif trois numéros de compil de hip hop soul party qui se sont vendus à plus de 200.000 exemplaires. Total Rn'b est d'ailleurs une compil inédite qui va sortir uniquement en Algérie dans le réseau underground. A cette occasion il sera là pour la dédicacer. DJ Abdel est en fait l'un des premiers DJ à avoir vendu ses compil aux maisons de disques. Professionnaliser la musique est en fait notre principal objectif... prendre en charge les artistes, les talents qui n'ont pu percer faute de structures qui les prennent réellement en charge. Votre société Timgad Production produit des artistes, Mohamed Lamine en l'occurrence... Son album sortira en France au mois d'octobre prochain. Nous avons repoussé suffisamment la date de sa sortie pas pour le bloquer mais pour mieux le servir. C'est pour qu'il puisse émerger dans un environnement professionnel et qu'il fasse une carrière internationale. Car il le mérite, il a une voix fantastique. Y a-t-il un artiste que vous auriez aimé produire? En fait, notre démarche ne s'inscrit pas dans une logique de production uniquement mais plus au niveau des structures, ce qui est plus intéressant, parce que cela ne sert à rien de produire en Algérie si on ne nettoie pas le réseau, si on ne crée pas un système sain de promotion distribution, de production... Il y a tout l'environnement de l'artiste qui est mauvais et qu'il faudrait modifier. Comment peut-on expliquer qu'aujourd'hui des artistes qui chantent n'ont pas de moyens de promotion. Ils ne se font connaître que par les cassettes que le consommateur trouve par hasard, par piratage ou par le biais de la radio... Votre but, quel est-il? C'est aider à promouvoir l'artiste. Il y a plein de choses à faire... Peut-on en savoir plus? L'émission s'appellera probablement Star Music. Elle sera mensuelle. Elle est prévue pour le mois de novembre prochain, basée sur les musiques actuelles c'est-à-dire modernes. Elle donnera la possibilité aux jeunes de créer. On compte développer tout un travail de proximité, de présélection et de sélection qui devra se faire au niveau des plus grandes wilayas du pays... Un peu dans le style de «Graines de star»? Pourquoi pas, en France il y a déjà 4 émissions dans ce genre. Cela devient à la mode. Et puis imiter, ce n'est pas égaler. Il n'y a pas de mal à imiter quelque chose de bien. «Graines de stars» a «sorti» des artistes, «Alhane oua chebab» aussi, notamment Mami qui est devenu une star. Pourquoi donc des Algériens vont-ils écrire à «Graines de star» alors qu'une émission algérienne pourrait leur offrir la même chose! C'est une production lourde et de qualité qui demande du temps mais je pense que ce projet - qui me tenait à coeur - est bien parti. On est à 70% de nos peines. Si je n'arrive pas à mettre en place ce nouveau concept, ce sera pour des raisons budgétaires essentiellement... La finalité de ce concours pour les participants? Ils pourront être pris en charge par des producteurs pour des éventuels enregistrements avec signature de contrats avec des maisons de disque. Enfin, leur produit sera commercialisé et mis sur le marché. Sid Ahmed Gnaoui, vous avez été promu récemment chef du département musique pour préparer l'Année de l'Algérie en France qui se déroulera en 2003. En quoi consiste votre rôle exactement? Mon rôle consistera entre autres à recenser et à identifier tous les talents existants qui sont en herbe en Algérie et en France. Il y a toute une équipe de personnes professionnelles qui sont à mes côtés et qui travaillent à cet effet depuis des mois. Je prouverai à tout le monde que l'année de l'Algérie en France va se dérouler aussi en Algérie.