Polémique Au lendemain de la démission de son ministre de l?Intérieur, David Blunkett, de nouvelles mauvaises surprises viennent sonner comme un coup de semonce contre le gouvernement Blair et sa nouvelle législation antiterroriste. Après la plus haute instance judiciaire britannique qui a jugé illégale jeudi la détention illimitée et sans procès d'étrangers soupçonnés de terrorisme, c?était au tour des avocats représentant des suspects détenus dans le cadre de la loi antiterroriste britannique de menacer de démissionner pour dénoncer cette législation, quelques jours après le jugement des Law lords la qualifiant d'illégale. Ian MacDonald, l'un des «avocats spéciaux» habilités par les autorités à travailler sur les questions liées au terrorisme, a annoncé sa démission dans le Mail on Sunday dans la foulée du jugement de la Chambre des lords jeudi. «Une telle loi est une tache odieuse dans notre paysage judiciaire et pour des raisons de conscience, je sens que je dois démissionner», a-t-il écrit dans le journal. Les Law lords, qui représentent la plus haute instance judiciaire au Royaume-Uni, ont rendu un jugement jeudi dans lequel ils affirment que la législation antiterroriste britannique est illégale. Des mauvaises nouvelles pour le gouvernement Blair incité à revoir sa législation antiterroriste. Dans leur jugement, les Law lords ont estimé, à une majorité écrasante de huit contre un, que «la détention de détenus (étrangers) dans le cadre de la section 23» de la loi antiterroriste britannique «viole les obligations légales du Royaume-Uni vis-à-vis de la Convention européenne des droits de l'Homme». Les lords avaient été saisis en appel par neuf hommes soupçonnés de terrorisme, détenus depuis près de trois ans, pour huit d'entre eux, dans le cadre de cette législation, dans la prison londonienne de Belmarsh. La section 23 de la législation antiterroriste a été ajoutée à la loi antiterroriste de 2000, après les attentats du 11 septembre 2001. Elle permet l'incarcération sans inculpation et sans procès, pour une durée illimitée, de tout étranger soupçonné d'activités terroristes. Pour ce faire, la Grande-Bretagne avait décidé de sortir de l'article 5 de la Convention européenne des droits de l'Homme, en expliquant qu'Al-Qaîda représentait un danger pour l'ordre public et une menace pour la nation. Mais jeudi, lord Leonard Hoffmann, l'un des neuf Law lords, a considéré que «la véritable menace pour la vie de cette nation vient non pas du terrorisme, mais des lois de ce type» et a jugé que cette législation était «une victoire des terroristes». «Il est, en fait, question de la survie même d'une ancienne liberté dont ce pays a toujours été fier, celle de ne pas être victime d'arrestation et de détention arbitraires», a-t-il déclaré.