Nouveauté Londres a annoncé, hier, mercredi, un grand assouplissement de sa législation antiterroriste visant les étrangers, à travers un nouveau projet de loi. Intervenant devant la Chambre des Communes, le ministre de l'Intérieur, Charles Clarke, a été clair : il ne sera plus possible, aux autorités britanniques, de détenir de façon illimitée sans jugement ni inculpation les ressortissants étrangers suspectés de terrorisme. En annonçant cette réforme, le ministre de l?Intérieur veut, en fait, mettre fin à une polémique qui faisait rage depuis des mois autour de la politique de son prédécesseur, David Blunkett. Accusé d'avoir institué de facto un «Guantanamo-bis» en Grande-Bretagne, ce dernier, qui a démissionné en décembre, avait même réussi à provoquer les Law Lords, plus haute institution judiciaire britannique. Le 16 décembre, les magistrats de la chambre des Lords avaient accusé la législation antiterroriste britannique de violer la Convention européenne des droits de l'Homme. «La véritable menace à la vie de cette nation vient non pas du terrorisme, mais des lois de ce type», avait même asséné l'un de ces magistrats. S'inclinant devant la décision des Law Lords, Charles Clarke a cependant tenu à défendre le travail de son prédécesseur. Ces pouvoirs ont été utilisés «avec une extrême parcimonie», a-t-il insisté, soulignant que seulement 17 ressortissants étrangers au total ont été incarcérés. Désormais, la Grande-Bretagne ne peut plus être perçue comme «un havre de paix pour les terroristes» s'est encore félicité Charles Clarke. En revanche, les 12 étrangers encore détenus à la prison de haute sécurité londonienne de Belmarsh, à Woodhill (Buckinghamshire/sud-est), ou à Whitemoor (Cambridgeshire/est), pour certains depuis près de trois ans, ne sont pas encore sortis de leurs cellules. Il n?est, en effet, pas question de les libérer tant que la nouvelle législation ne sera pas adoptée par le Parlement, a insisté le secrétaire au Home Office. Ce qui pourrait prendre des mois. Pour rappel, dans le cadre de «control ordres» plus ou moins stricts, ces 12 hommes pourront ainsi être placés sous arrêt domiciliaire, contraints de porter un bracelet électronique, ou être soumis à un couvre-feu. De même, l'ensemble de leurs communications, y compris par Internet, pourront être surveillées. Il reste que les nouvelles propositions de Charles Clarke n'ont pas été accueillies favorablement parmi les juristes et les avocats spécialisés dans les droits de l'Homme.