Exploration C?est lors d?un second voyage en Algérie que Dinet se laisse charmer par cette terre africaine, tournée vers l?Orient. En 1884, Dinet entreprend son premier voyage en Algérie, le hasard l?entraîne vers ce qui va jouer donc un rôle décisif dans sa vie. C?est-à-dire vers la rupture avec ce qu?il faisait à Paris et l?adoption d?un nouveau modèle d?esthétique. En effet, son premier voyage fut un pur hasard. Tout a commencé lorsque son ami Lucien Simon, lui aussi peintre, propose à Dinet d?accompagner son frère, entomologiste, en Algérie, dans le désert, à la recherche d?un coléoptère rare. Dinet accepte, car c?est une occasion de voir du pays. Si les peintres voyageurs, à l?époque, exprimaient leur admiration devant la beauté des scènes et paysages qu?ils découvraient dans leurs tableaux, Dinet, lui, n?a montré cependant aucun intérêt particulier pour la peinture orientaliste, et ne semble pas avoir attendu de son voyage en Algérie le moindre soupçon de révélation. Ce n?est que lors d?un second voyage en Algérie, une année plus tard, que Dinet, laissant sa sensibilité agir sur lui, fut conquis jusqu?à l?ensorcellement par la magie du désert. Ce voyage l?emmène jusqu?à Laghouat, où il séjourna longuement, mais aussi à Ouargla, Sedrata, Touggourt, et bien évidemment Bou Saâda, la cité du bonheur de vivre, comme l?évoque si bien son nom. Il y a lieu de souligner que de son séjour à Laghouat, résulte une ?uvre majeure, splendide et unique : Les terrasses de Laghouat. Car ce tableau est une initiation à la peinture orientaliste. Il s?agit d?un premier travail sur la manière de se pencher sur l?ailleurs. Ce travail ne se fait pas selon une interprétation relevant de l?affectif et du fantasmatique. C?est une étude rigoureuse de la lumière portée sur les éléments venant «architecturer» l?espace, l?agencer selon une combinaison précise et même scientifique ; c?est également une étude vigoureuse sur les volumes, les perspectives, les dimensions, les reflets ; c?est aussi une étude savamment habile sur la composition des couleurs et la disposition des formes, donnant ainsi une image extraordinaire, une scène dont les formes cubiques des maisons en terre de l?oasis sont d?un magnifique tracé et, dont les couleurs claires contrastent avec la ligne verte des palmiers, au fond du tableau. Suite à ce tableau, d?une extraordinaire beauté, exécuté dans une minutie parfaitement étudiée et d?un geste maîtrisé, Dinet, persévérant, continue son initiation à la peinture, et poursuit avec vigueur la recherche de l?esthétique et du caractère scientifique de ses peintures. Ce travail va donc l?emmener à mieux connaître l?Algérie, à se rapprocher davantage des populations locales et à tisser avec elles d?étroites relations, privilégiées pour lui, en devenant leur ami, leur frère. Car, plus tard, Dinet, amoureux de cette terre africaine, se convertit, en 1913, à l?Islam, ce choix qui, sans doute, était en gestation depuis plusieurs années. Mis c?est en 1927 qu?il confirme sa conversion à l?Islam en prononçant solonnellement devant le mufti d?Alger la «Chahada», avant d?accomplir un voyage à La Mecque.