Personnage n Avec une médaille décernée pour la troisième meilleure toile et une bourse lui permettant d?aller en Algérie, Nasreddine Dinet ne savait pas qu?il allait vivre un destin inattendu. En 1883, fraîchement sorti de l?Ecole des Beaux-Arts, Etienne Dinet passera par Laghouat et Ouargla, mais c?est à Bou Saâda qu?il déposera ses bagages pour ne plus repartir. Charmé par la magie du Sud et la gentillesse de ses habitants, il se mêlera à eux et en fera des amis pour la vie, tel le jeune Slimane Ben Brahim Baâmer. C?est à partir de 1905 que le peintre s?installe définitivement à Bou Saâda dans une maison modeste faite de terre et de roseaux. Il apprendra à parler l?arabe, ce qui lui permettra de mieux comprendre les us et coutumes d?un peuple dont il adoptera la religion. Devenu musulman, Etienne devient Nasreddine en 1913. Une conversion qui lui vaudra d?être traité de traître par l?Occident, mais Nasreddine n?en a cure. En 1929, alors âgé de 68 ans, il décidera d'accomplir le pèlerinage à La Mecque. Sept mois après son retour des Lieux Saints, il décédera à Paris. Son corps fut ramené à Bou Saâda où il fut enterré le 12 janvier 1930, au milieu d?une foule immense d'amis et d'admirateurs. Le peintre et ses ?uvres seront occultés durant le restant de l?ère coloniale pour être à nouveau reconsidérés dès l?Indépendance du pays. Un musée sera édifié sur l?emplacement de la maison où il habitait. Sur le jardin, une extension sera réalisée pour accueillir les ?uvres de Nasreddine Dinet, en plus d?une bibliothèque faisant partie d?un centre culturel. Une grande pièce accueille une bonne partie des ?uvres du peintre. Le visiteur sera saisi par les couleurs et les regards des personnages, tous représentant le simple Bou-Saâdi : Des enfants qui jouent, des adultes qui scrutent l?horizon pour apercevoir le croissant du ramadan, les oasis et de nombreux autres thèmes qui reflètent le regard amoureux que portait Nasreddine Dinet sur Bou Saâda. Ses ?uvres sont très recherchées aujourd?hui. De Tokyo à New York, les collectionneurs se les arrachent. Ce n?est que justice pour un peintre tombé en disgrâce après avoir penché volontairement vers une autre religion que celle qu?il a connue plus jeune. Boudé tout autant que ses ?uvres durant l?époque coloniale, l?idée d?un musée à sa mémoire sera même écartée en 1929. Un projet qui se réalisera plus de quarante années plus tard, dans la ville qui l?a pris dans ses bras.