A l'occasion de la nouvelle année, aussi bien l'année grégorienne que l'année «algérienne», c'est-à-dire julienne, on se souhaite la bonne année. On dit «âmm saïd», c'est-à-dire «bonne année» ou plutôt, «heureuse année». Les berbérophones ont pris l'habitude, depuis quelques années, de dire aseggas ameggaz, qui a le même sens. Parmi les v?ux que l'on formule, celui qui revient le plus souvent est «AIlah idjibna ss'ah'a» (que Dieu nous apporte la santé) ; dans les campagnes, on dit : «Allah idjbna ss'aba» (que Dieu nous apporte de bonnes récoltes) et tous de souhaiter la richesse, leghna, la paix, lehna, les joies de la vie et, pour finir, la joie, c?est-à-dire la bonne humeur, qui donne envie de vivre, de travailler et d'espérer. Dans les Aurès, on connaît le rite de bu-ini, qui consiste à changer, à l'occasion du premier Yennayer, les trois pierres du foyer, le kanoun, sur lesquelles on dépose la marmite. Ce mot a fait croire aux ethnologues de la colonisation, et même à certains auteurs algériens, qu'il s'agit de la déformation de l'expression latine bonus anni qui signifie «bonne année». En réalité, ini est le nom berbère de la pierre du foyer, le pluriel étant iniyen (en arabe lmenas'ab) ; bu-ini signifie donc, «celui des pierres du foyer», c?est-à-dire du rite du changement. En dehors des Aurès, ce mot se retrouve au Maroc, sous la forme de biannu et bennayo, où il désigne la nuit du 1er Yennayer. Là-bas aussi, le mot a peut-être désigné les pierres du foyer. Cela dit, les Algériens ont emprunté au français l'expression «bonne année», prononcée bunani et désignant parfois le jour de l'an grégorien.