Durant la conférence de presse qu?il a animée mardi pour s?expliquer sur l?apparition de l?épidémie de conjonctivite, le docteur Kellou, directeur de la prévention auprès du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière, a, une fois de plus, accusé les élus locaux et les responsables de l?environnement d?avoir failli à leur mission, ce qui a favorisé la propagation de cette maladie. «Il n?y a pas une politique de l?hygiène, c?est ce qui a aidé la résurgence de certaines pathologies relatives à la propreté. Certaines actions devaient être prises, mais cela n?a pas été le cas. D?autres secteurs sont aussi concernés», a-t-il lancé d?emblée tout en précisant que le rôle du ministère est de tirer la sonnette d?alarme chaque fois qu?une épidémie se déclare et de prévenir du danger. «C?est tout ce que nous pouvons faire.» Ainsi, la tutelle s?en lave déjà les mains et atteste même que, jusque-là, elle a toujours assumé sa tâche et qu?une réelle politique de santé a été suivie dans le secteur, ce qui a freiné le développement de plusieurs épidémies. «Nous avons un système de santé très solide, sinon nous n?aurions jamais pu arrêter l?avancement de ces affections, qui ont déjà ravagé d?autres populations africaines.» Pour le Dr Kellou, la loi est claire, car les missions et les rôles sont bien définis, seule l?application fait défaut. «Qui fait qui et quoi, quand et pourquoi ?», s?interroge-t-il. Il est à rappeler que quelques mois auparavant, le ministre lui-même, M. Abdelhamid Aberkane, animant une rencontre à Bordj-El-Bahri et s?exprimant sur le retour des maladies moyenâgeuses, a fait le même constat et tiré à boulets rouges sur les mêmes élus locaux qui n?ont pas assuré leurs obligations. Aujourd?hui, on reste toujours sur ce constat : les élus locaux n?ont pas fait leur devoir et n?ont pas assumé leurs fonctions ! Il semble très facile de se jeter la balle à chaque fois qu?une contamination se déclare et de se contenter juste de s?accuser mutuellement sans cesse alors que les citoyens continuent de payer les frais d?une politique qui a montré ses limites ! Les maires ont toujours affirmé avoir assuré leur devoir. Le qui fait qui et quoi et pourquoi ? : une équation philosophique qui n?avance à rien. Il est vrai que les conditions de vie trop précaires des Algériens encouragent l?apparition et la prolifération des épidémies. La rareté de l?eau, l?absence d?hygiène, la pollution de l?air, de l?environnement et des cités, l?insalubrité et la promiscuité des logements? sont autant de facteurs, vecteurs de maladies et de mort. Mais le ministère en tant qu?institution de l?Etat ne peut-il pas user de son statut pour ester les responsables en justice ? La tutelle se dit «impuissante» et dépassée, même si, souvent, c?est elle qui «encaisse» seule les frais et assume cette situation. Les responsables du ministère ont avoué que pour l?affaire du botulisme de 1998, la tutelle a poursuivi en justice le ministère de l?Intérieur et des Collectivités locales, mais le problème n?a pas été réglé pour autant, car il y a eu d?autres cas d?intoxication alimentaire. Les Algériens démunis et pauvres se morfondent dans leur misère et contractent toujours des maladies contagieuses et mortelles, alors que les politiques se contentent de se jeter des accusations.