Mémoire Il a légué à la postérité un grand et riche héritage littéraire. Son nom reste à jamais gravé dans les mémoires. Le forum «Echos de plumes» du Théâtre national algérien (TNA) a consacré son deuxième numéro à un hommage au dramaturge et poète disparu, en donnant lecture de scènes choisies de son ?uvre Le Sinistré. Né à Azazga en 1950, Mohia, de son vrai nom Mohia Abdellah, a consacré toute sa vie à l?écriture. Il affichait un profond intérêt pour la poésie populaire et les proverbes. Il a écrit tant de contes ? dont il s?enorgueillit ? que de romans et de poésies. Il se trouve que Mohia, de formation scientifique (diplômé en mathématiques), n?est venu à l?écriture qu?à l?âge de 20 ans. C?est à partir de 1970 qu?il commence à se livrer à la production littéraire. Sa passion extrême et particulière pour l?écriture le mène, dès 1980, à s?investir dans l?écriture dramaturgique. Il trouvait dans l?écriture un plaisir et une passion où il pouvait exposer et développer ses réflexions, toutes énoncées en direction de la société. C?était un observateur sagace et son regard était critique. L?originalité des textes de Mohia réside dans leur authenticité. Effectivement, Mohia était profondément inspiré du répertoire universel qu?il a transféré en le réécrivant vers la langue tamazight afin de donner une image vive et riche de la société kabyle avec ses caractéristiques intrinsèques telles que perçues à travers son mode de vie et à travers les relations au sein de la famille et avec le voisinage. Connu pour son ancrage dans le patrimoine populaire de cette partie de l'Algérie profonde, Mohia a réussi, en effet, à enrichir son texte de couleurs locales de haute teneur symbolique et humaine tant au niveau du verbe qu'à celui d'une architecture thématique et théâtrale qu'il a su affiner au fil du temps. Maniant à merveille l'arme de la dérision, même pendant les moments les plus dramatiques, l'auteur transforme une situation de démence passagère (celle où le personnage central annonce vouloir mettre fin à ses jours) en un argument théâtral révélateur de la complexité de l'être humain. Mohia, ce grand homme de la littérature algérienne de langue amazighe, s'est éteint le 7 décembre dernier, laissant derrière lui un héritage important de poèmes, de paroles de chansons et d'?uvres théâtrales, dont une bonne partie n'a pas été mise en scène. Pour rappeler ce devoir envers un auteur d'envergure, le comédien Menad M'barek, qui avait fait la lecture du Sinistré en tamazight, devait dire qu'il n'y a pas meilleur hommage à lui rendre que celui de présenter ses ?uvres au public. Dans cette perspective, le TNA a annoncé qu?il envisageait de monter prochainement Le Sinistré sur scène, et que l?année 2005 sera consacrée à ce personnage prolifique et intellectuel.