Entre chiffres, prévisions et échéances toujours renouvelées, le consommateur vit dans l?attente d?une normalisation qui tarde à venir. Une meilleure gestion des ressources, un nouveau mode de son affectation géographique et une mise à jour du Plan national de l'eau, tel est le triptyque autour duquel s?articule, depuis des années, la nouvelle stratégie de gestion de l?eau engagée par le gouvernement qui va injecter des sommes colossales pour réussir son pari. Une somme qui dépasserait, à coup sûr, les 604 milliards de dinars dépensés en deux ans seulement, dans le seul secteur des ressources hydriques. L?objectif, comme l?a, maintes fois, rappelé Abdelmalek Sellal, a une portée aux conséquences multiples : il s?agit d?abord de sécuriser l'alimentation, ensuite d?augmenter les surfaces irriguées et enfin de fixer les populations rurales à travers la création de nouveaux postes d?emploi dans ces surfaces. Cette stratégie «bleue» vise, dans les prévisions du département des Ressources en eau, à atteindre, à partir de 2009, une couverture continue en eau potable pour «au moins 20% de la population et une distribution quotidienne de 8 à 16 heures pour au moins 60% de la population». De ces taux avancés, il ressort que l?Algérie vit réellement une crise d?eau. En inversant la tendance, on aura 80% d?Algériens qui n?ont pas, à l?heure actuelle, un approvisionnement en continu, c'est-à-dire de l?eau dans les robinets H24. On aura aussi 40% de citoyens qui devront veiller tard la nuit pour remplir citernes et jerricans. Les mêmes sources évaluent le taux de raccordement national à 80%. Seulement, il est à regretter que le taux de la régularité reste faible puisque seuls 9,5% de la population alimentée en eau potable (26 millions d'habitants) bénéficient d'un service de distribution continue (H24). Près de 60% de cette population sont servis quotidiennement avec une plage horaire variant de 2 à 6 heures tandis que les 30% restants sont alimentés, dans les meilleurs cas, un jour sur deux. Il est à signaler aussi qu?il existe un décalage entre les potentialités des ressources hydriques dans le pays, estimées à 16 milliards de m3/an dont 9 milliards en eaux superficielles et 7 en eaux souterraines, et les ressources réellement mobilisées pour étancher la soif des Algériens. Celles-ci, soutient-on, ne dépassent pas le tiers des potentialités avec 6,2 mds/m3 exploités par an dont 2,5 mds en eaux de surface et 3,7 mds en eaux souterraines. Le renforcement du partenariat est considéré aussi comme un atout majeur de l?avenir. Il concerne, notamment, l'assainissement de l'eau et le dessalement de l'eau de mer qui permettrait la mobilisation de 365 millions/m3 toujours pour le cap 2009, c'est-à-dire dans quatre ans seulement. La nouvelle stratégie de gestion se base aussi sur l?élaboration d'une nouvelle loi relative à l'eau et visant la modernisation du cadre juridique qui régit ce domaine et qui devra également consolider la démarche gouvernementale dans ce sens.