«Nhar elli steh?qt wadj-hi, khebchu-h leqtuta» (le jour où j?ai eu besoin de mon visage, les chats l?ont griffé) ! On rapporte, à l?appui de ce proverbe, l?anecdote suivante : une femme qui est restée longtemps célibataire est enfin demandée en mariage. En préparation de la noce, elle se teint les cheveux au henné, elle enlève les poils qui l?enlaidissent pour offrir aux regards une peau blanche et lisse. Et voilà que des chats se jettent sur elle et la griffent au visage. Comment montrer aux personnes venues la chercher, un visage griffé ? La malheureuse a aussitôt prononcé le proverbe cité plus haut. Dans le même registre, on cite le chameau : «?Amru edh?ak, u yum adh?ek tchermat chwarbu» (il n?a jamais ri et le jour où il a ri, ses lèvres se sont fendues) ! En kabyle, il s?agit aussi, comme dans l?histoire rapportée plus haut, d?une mariée, une femme qui a toujours vécu dans la misère et la privation. Elle était si attristée par son sort qu?elle ne mettait jamais de belles robes, elle ne se teignait pas les cheveux au henné et elle ne se soulignait pas les yeux de khôl. Pour son mariage, elle veut rompre ce long cycle de deuil et se faire belle. Le jour de la noce, elle revêt une jolie robe, se maquille les joues et s?apprête à se farder les yeux. Elle sort le bâtonnet de l?étui d?antimoine et l?introduit dans un ?il. Sa main glisse et elle s?éborgne ! Elle a alors ce mot amer : «Di la?mert geh?legh, asmi geh?legh ddreghlegh» (je ne me suis jamais fardé les yeux, et le jour où je l?ai fait, je me suis aveuglée) ! C?est cela, le comble de malchance, la guigne : rester longtemps sans faire une chose, et le jour où on la fait, c?est une catastrophe !