Retour Malika Domrane sera, ce soir, à la salle Ibn Khaldoun (21h). Le concert est organisé par l?établissement Arts et Culture. Plus de dix années (13 ans) que Malika Domrane, l?un des grands noms de la chanson kabyle moderne, vit en exil. «Ça me fait plaisir de revenir en Algérie, et de chanter à Alger», déclare-t-elle dans une conférence de presse qu?elle a animée, mercredi, à la salle Ibn Khaldoun. Malika Domrane aurait aimé chanter plus souvent en Algérie, mais l?occasion ne s?est pas présentée. «En Algérie, déplore-t-elle, on invite beaucoup les artistes du Moyen-Orient, et on leur donne tous les moyens pour se produire, quant aux artistes algériens, notamment ceux qui vivent à l?étranger, on ne fait pas appel à eux.» Et d?ajouter : «J?aimerais bien faire une tournée nationale.» «Lors de ces 13 années d?exil, évoque-t-elle, je n?ai fait qu?une seule cassette, et je replonge, en ce moment, dans la poésie. Une boîte de production, en France, m?a proposé de faire un enregistrement en acoustique, je prépare donc un album.» Et de confier et avec beaucoup d?émotion (les larmes aux yeux) : «En exil, j?ai perdu 13 années de ma vie», ajoutant que ce n?était pas un choix. «Je ne suis pas partie de mon propre gré, j?ai choisi l?exil parce que je n?avais pas d?autre alternative, c?était seulement pour sauver ma peau. En France, j?ai connu une longue traversée du désert. j?y ai pleuré et beaucoup souffert.» Malika Domrane, qui revient, ce soir, sur la scène, avec beaucoup de surprises, pour retrouver son public, se veut une interprète de chansons à texte. «Toutes mes chansons sont à thème», explique-t-elle. «Je parle beaucoup de la femme et de l?amour, car les deux sont intimement liés à une quête identitaire.» Ainsi, profondément ancrée dans le terroir natal, elle ?uvre, à travers ses chansons, à préserver et à prolonger la mémoire et l?âme berbères. «La mémoire est comme cette mère qui nous a enfantés, s?en priver, c?est la renier », explique-t-elle. Malika Domrane raconte la femme algérienne, les histoires de femmes, grâce à ces femmes qu?elle a connues et côtoyées, ici, comme ailleurs, notamment à l?hôpital psychiatrique de Tizi Ouzou, lorsqu?elle y était infirmière. Dans ses chansons, Malika Domrane brise les tabous et se veut rebelle à travers un langage vrai et profond qu?elle utilise, un langage soutenu et authentique. «Je chante avec du vrai du kabyle, dans un langage qui contient un vocabulaire riche et subtile, des métaphores, des images. Je ne veux pas faire de simples chansonnettes, mais seulement des chansons à texte, même si la conception musicale est moderne. »