On parle beaucoup des circonstances, des conditions de vie : al-dhuruf. Le terme, bien qu?il désigne toutes les circonstances, qu?elles soient positives ou non, est souvent pris, dans l?arabe algérien, dans un sens négatif. On évoque les circonstances pour justifier un comportement ou une décision : «Adhuruf hiya lli h?etmet â?liya» (ce sont les circonstances qui m?ont poussé à agir de la sorte). Un synonyme de dhuruf est lah?wal : le mot, qui est un pluriel sans singulier, signifie aussi bien «situation» que «condition» et même «humeur». Ainsi, dit-on : «Wach lah?wal ?», littéralement : «Comment est la situation ?» ; au figuré : «Comment vas-tu ?». On dit aussi : «Ddar fi h?alu», littéralement : «Il a tourné sur sa situation», c?est-à-dire, «il a changé d?humeur». Mais revenons aux circonstances. Bonnes ou mauvaises, mais surtout mauvaises, il faut toujours en tenir compte : il ne veut pas se marier parce que les circonstances ne le permettent pas, «dhuruf ma ysemh?uluch» ; il n?a pas fait d?études parce que les circonstances n?étaient pas de son côté, «dhuruf ma kanuch m?âh». Les circonstances, dhuruf, c?est comme un personnage, un homme terriblement fort et autoritaire qui commande les hommes et les force à agir selon son bon vouloir. C?est comme le mektub, la fatalité qui prédestine et dirige les actions. A la fatalité comme aux circonstances, il faut se soumettre. Comment ? En s?y adaptant. Le proverbe dit bien : «Idha tjed-det lah?wal, tjed-edt leqwal» (quand changent les circonstances, changent les paroles) ! Autrement dit, à chaque circonstance son discours !