Aux yeux des bien-pensants, il n?y a rien de plus désagréable qu?une personne qui arrive en retard et qui demande, à cor et à cri, qu?on la fasse bénéficier des mêmes avantages que les personnes venues à l?heure. Si les absents ont tort, les retardataires, eux, n?ont pas de droits à faire valoir ! La politesse est de ne rien demander, ainsi que le recommande le proverbe très connu : «Idha fatek leklam, qûl smaât ; idha fatek et?t?âm, qûl chbaât !» (Si tu arrives en retard à une discussion, dis : j?ai entendu ce qui s?est dit ? c?est-à-dire je ne demande pas d?explication? si tu arrives en retard à un repas, dis : je n?ai pas faim ? c?est-à-dire je ne demande pas à manger). Un autre proverbe, de la même veine que le premier, dit que si l?on reçoit quand même quelque chose, il faut s?en contenter, même si la chose n?est pas ce que l?on attend. «Idha fatek lh?am, aâlik bel marqa !» (Si, arrivé en retard, tu ne reçois pas de viande, prends le bouillon qu?on te donne !) Ne rien réclamer et accepter ce que l?on reçoit sans protester font partie des attitudes dignes : c?est montrer aux autres que nous ne sommes pas des pique-assiettes ou que nous ne sommes pas dans le besoin? même si nous le sommes réellement ! On connaît le cas de personnes pauvres mais dignes qui, en se rendant aux invitations, ne mangent pas à leur faim alors qu?elles en ont l?occasion. Elles sont même les premières, quand on mange dans un plat commun, à poser la cuiller et à dire : «Chbaât» (je n?ai plus faim). D?autres, au contraire, même à l?aise, mais parce qu?elles sont gloutonnes, se jettent sur les plats qu?on dépose devant elles.