Le président du club de la Kabylie fait valoir l'algérianité de ce dernier L'Expression : La dernière fois que nous vous avions rencontré, c'était au stade du 5-Juillet juste après la défaite de votre équipe en coupe d'Algérie face au CRB. Vous étiez vraiment déçu. M.C. Hannachi:C'était la réaction normale d'un président qui venait d'assister à l'élimination de son équipe de la coupe d'Algérie. De plus, il y avait ce but litigieux qui avait rajouté à ma colère. Mais comme vous le savez, cela se fait à chaud. Avec le temps, on finit par voir les choses autrement et faire preuve de discernement. C'est une défaite, elle est dure à avaler mais il convient de ne pas lui accorder plus d'importance qu'il n'en faut. Pour tout dire, ce n'était qu'un accident comme en connaissent toutes les équipes du monde. Que s'était-il passé ce jour-là? Mon équipe était lourde. Elle avait du mal à faire circuler le ballon. J'en ai discuté avec Moussa Saïb. Il est possible qu'elle n'ait pas récupéré de son voyage au Maroc. Il y a eu aussi le fait qu'on n'aurait pas dû laisser les joueurs regagner leurs foyers. Que voulez-vous dire par là? L'équipe était arrivée le mercredi du Maroc. Les joueurs avaient hâte de rejoindre leurs familles. On aurait, peut être, dû ne pas les libérer et les garder en regroupement pour qu'ils restent concentrés sur le match de vendredi. Enfin, ce n'est là que mon avis. Je ne vais tout de même pas dire que tout ce que nous avons fait a été une erreur. De toutes les manières, il n'y a pas de regret. On a mal joué, on a perdu, un point c'est tout. Ce n'était qu'un accident de parcours. La preuve, une semaine plus tard, la JSK a, superbement, réagi en dominant facilement l'ASO. Moussa Saïb bénéficie de votre entière confiance. Moussa est chez lui à la JSK. Il a autour de lui des gens qui le soutiennent car ils savent combien est difficile le travail d'un entraîneur dont la carrière ne fait que débuter. Ceux qui lui cherchent noise le font pour saboter le club. Moussa devra être fort mentalement pour résister à ces déstabilisateurs. Avec l'élimination de la coupe d'Algérie, cela fait une compétition de moins pour la JSK, donc un calendrier un peu plus allégé. Absolument. Quelque part cette élimination a du bon car, quand la JSK va entamer la Champion's League africaine, son calendrier sera surchargé. Je pense, surtout, au mois de mai prochain qui sera démentiel. Il serait bon que la FAF profite des journées de la Champion's League pour y programmer des tours de la coupe d'Algérie vu que la JSK et l'USMA sont éliminées de cette compétition. La JSK a accusé un retard de 7 points sur l'USMA à la fin de la phase aller du championnat. Elle a pu réduire de 2 points ce retard mais il est remonté à 8 points. Très sincèrement, est-ce que vous croyez toujours au titre de champion d'Algérie? Si je n'y croyais pas, vous ne me trouveriez pas à ce poste. Je suis de ceux qui se battent jusqu'au bout, même si la mission est impossible. La saison dernière, la JSK avait remonté 9 points à l'USMA pour remporter le titre avec une confortable avance. Ce ne sont pas les 8 points d'avance qu'elle a aujourd'hui qui vont nous faire peur. Il reste, encore, 39 points en jeu. Comme vous le voyez, la marge de manoeuvre est, encore, large. Je pense que le match retour entre ces deux équipes sera très important pour l'attribution du titre. Sauf que cette fois-ci, l'USMA semble plus déterminée. Vous croyez? Ce n'est pas du tout mon avis. D'après moi, l'USMA de la saison dernière était plus forte que celle d'aujourd'hui. Non, la JSK est loin d'abdiquer pour le titre d'autant que son calendrier de la phase retour est plus favorable que celui de l'USMA. Et si ce titre venait à vous échapper? On aura, au moins, essayé mais on n'en fera pas un drame. Il n'est écrit nulle part que la JSK doit remporter chaque année le titre de champion d'Algérie. A votre avis la JSK a-t-elle l'effectif qu'il faut pour atteindre ses objectifs? Le parfait n'existe pas mais je pense qu'avec ce qui se fait en Algérie on a pu doter notre équipe de l'effectif qui lui convient. On a recruté, durant le mercato, Daoud Bouabdallah, Mezouar et Moussouni. Ce sont trois joueurs dont l'expérience et le talent ne se discutent pas et qui, j'en suis sûr, seront d'un grand apport à la JSK lors de la Champion's League. La Champion's League, qui sera son objectif essentiel? Absolument. Il faut que la JSK puisse passer les deux premiers tours pour aller en phase de poules. Si elle y parvient, avec l'argent qu'elle encaissera, elle pourra amortir les transferts de Daoud et de Mezouar. A propos de Mezouar, ce fut la surprise que vous aviez réservée aux supporters du club? C'est exact. Vous savez, lorsque Mezouar avait quitté le CRB, il était question qu'il vienne chez nous. Cela n'avait pu se faire car, il avait reçu une proposition de Dubaï mais avec lui le contact n'avait jamais été rompu. Dès qu'il a fait état de son désir de revenir au pays, c'est vers la JSK qu'il s'est tourné. En Champion's League, vous ne viserez que le passage en phase de poules? Ce sera un objectif intermédiaire. Si on la dispute, c'est pour la gagner. Il nous faudra, donc, aller le plus loin possible. De toutes les manières, plus on avancera, plus la prime de la CAF augmentera. Ceci dit, si la JSK venait à échouer dans sa tentative de remporter le trophée, ce ne sera pas catastrophique car, on sait qu'il s'agit d'une compétition très relevée. De combien de joueurs dispose, maintenant, la JSK? 27. On a dû prêter Sessay à l'ESS et Boubrit au PAC. C'est un effectif qu'il faut savoir gérer. Quand on a 27 joueurs, il y en a 16 qui ne jouent pas. Les susceptibilités sont énormes et il faut faire preuve de tact pour rassurer l'un et conforter l'autre. Ces joueurs subissent-ils la pression de leurs supporters comme cela se fait un peu partout dans les autres clubs? Quand la JSK traverse une mauvaise période, il est normal que les supporters se fassent entendre. Mais chez nous, il n' y pas d'excès. Les joueurs pourront vous le confirmer. Il y a une véritable ambiance familiale à la JSK. En outre, vous ne verrez jamais un de nos joueurs se plaindre de n'avoir pas été payé. Je ne dis pas que la JSK vit dans l'opulence mais au moins ses joueurs sont payés régulièrement. Vous dites que la JSK ne vit pas dans l'opulence, cela sous-entend-il qu'elle connaît des problèmes financiers? Ils existent mais ils ne sont pas aussi cruciaux qu'on le pense. La JSK est un club sérieux qui jouit de la confiance de plusieurs opérateurs qui sont disponibles pour la soutenir. En outre, lorsqu'elle remporte des titres, l'Etat intervient pour l'aider. J'ajouterai que ses récentes victoires en coupe de la CAF ont énormément contribué à renflouer ses caisses. Pour revenir aux supporters, la JSK avait été sévèrement sanctionnée pour leurs dépassements. Pensez-vous que ces problèmes sont réglés? On ne peut jurer de rien lorsqu'il s'agit de violence. La JSK et Hannachi n'ont pas les moyens de lutter contre un phénomène qui relève des prérogatives des pouvoirs publics. En tout cas, notre club a assez donné. Je ne pense pas qu'il y ait eu un jour un club qui ait joué près de 20 mois hors de chez lui. D'autres clubs auraient implosé ou auraient rejoint la division inférieure. Pas la JSK, grâce à ses joueurs, ses dirigeants et ses authentiques supporters, a pu éviter des désagréments de ce genre. En tout cas, je le dis et je le répète : la situation vécue à ce moment-là par la JSK n'était que la conséquence de manipulations. On a voulu se servir du club pour des questions sournoises d'intérêt personnel mais la tentative des comploteurs a lamentablement échoué. Vous faites allusion à qui? Je n'ai pas besoin de citer des noms. En tout cas ces gens existent. Ils se sont manifestés en menant des actions contre les intérêts de la JSK. Ils ont voulu faire croire que c'est un club à part en Algérie. Or, je peux vous certifier qu'il n'y a pas plus algérien que la JSK. Elle a su porter haut l'emblème national à chaque fois qu'elle a représenté le pays dans des compétitions internationales. Ces gens ne veulent pas de cela et vont jusqu'à semer la zizanie dans le stade. J'ajoute que ce dernier ne répond plus aux besoins de la JSK. Il lui faut un autre stade plus grand mais apparemment celui qu'on lui avait promis n'est pas près de voir le jour. On avait, pourtant, cru que le projet était bien avancé. Pour qu'il soit avancé, il faudrait, au moins, que les travaux aient été entamés. Je vous demande d'aller sur le site et de voir de vos yeux si vraiment ils ont commencé. Sachez que l'étude n'a même pas été faite. C'est dire le retard enregistré. Pourquoi un tel retard? Demandez-le à ceux qui en ont la charge. Ce que je peux vous dire c'est que ce stade, la JSK le revendiquait depuis longtemps. Son souhait a été exaucé il y a 3 ans lorsque le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, était venu rendre visite aux joueurs à leur hôtel lorsqu'ils préparaient la finale de la coupe de la CAF contre l'ES Sahel. C'est le chef de l'Etat en personne qui nous avait assurés que Tizi- Ouzou et la JSK allaient avoir leur grand stade. Il y a quelques mois, ce fut au tour de M. Boudjemaâ Haïchour, alors ministre de la Jeunesse et des Sports, de confirmer cette information lors d'une visite qu'il effectuait à Tizi-Ouzou. Quand deux personnalités aussi éminentes vous donnent des assurances sur un projet et que vous voyez ce dernier traîner en longueur, il y a de quoi se poser des questions. Peut-être s'agit-il de problèmes administratifs? Ce que je remarque, c'est le black-out qui est fait autour de cette affaire. Si problèmes il y a, qu'on le dise. La population et les sportifs de Tizi-Ouzou doivent être informés. En tout cas, je ne vois pas où pourrait se situer le problème sur un projet décidé par le président de la République. Tenez, au départ il s'agissait d'un grand stade d'une capacité de 80.000 places et maintenant on en parle d'un de 40.000 places seulement. Cette information, on l'a apprise par hasard. Je voudrais bien savoir le pourquoi d'une telle diminution. Elle vous gêne à ce point? Ecoutez, je conçois qu'on dise qu'un stade de 80.000 places c'est beaucoup pour une ville comme Tizi-Ouzou. Mais il ne faudrait pas exagérer jusqu'à réduire de moitié cette capacité. La JSK, Tizi-Ouzou et la région de la Kabylie ont besoin d'un stade aux capacités conséquentes. A mon avis, un stade de 50 à 60.000 places conviendrait parfaitement. Il ne faut pas oublier qu'avec l'aménagement des routes, Tizi-Ouzou est aujourd'hui à moins d'une heure d'Alger. Ce stade pourrait accueillir l'équipe nationale qui n'a jamais évolué à Tizi-Ouzou et la FAF pourrait y désigner des grands matches de coupe d'Algérie. Que comptez-vous faire pour accélérer le processus? Je ne vais, certainement, pas rester les bras croisés. Il faut que ce stade soit construit et rapidement. La JSK, dans le cadre de son développement, doit évoluer sur un terrain en gazon naturel et dans un stade qui offre un maximum de commodités à ses supporters, à ses sponsors et à ses visiteurs. Je compte, pour cela, saisir quelques-unes des plus hautes autorités du pays. Ce stade pourrait devenir propriété de la JSK? Pas forcément, mais la JSK, toujours dans le cadre de son développement, doit bénéficier d'un espace pour y installer son centre d'entraînement et de formation. Cela est plus que nécessaire. Le football algérien a besoin de clubs forts mais sans de tels outils de travail il n'y a rien de concret à attendre de son côté. On a entendu parler d'un centre d'affaires de la JSK. On a obtenu une parcelle de terrain au centre-ville où l'on compte, effectivement, édifier un centre d'affaires qui sera la propriété de la JSK. Il y aura, par exemple un hôtel, des appartements, des locaux pour diverses institutions publiques ou privées. On aurait bien voulu y construire le centre d'entraînement de la JSK mais il est situé en pleine ville. On en vient à la FAF. Continuez-vous à soutenir M.Mohamed Raouraoua comme vous le faisiez auparavant? Il faudrait être de mauvaise foi pour nier ce que M.Raouraoua a apporté au football algérien. Grâce à lui, la FAF n'est plus le moulin à vent qu'elle était. Il a structuré la discipline. Maintenant, c'est vrai, l'équipe nationale continue à patauger. Mais ce n'est pas Raouraoua qui marque les buts, ce sont les joueurs et les joueurs sont formés dans les clubs. Si ces derniers restent sans centre de formation et d'entraînement, il n'y a pas de miracle à attendre de l'équipe nationale. Cependant, je tiens à ajouter quelque chose en ce qui concerne M.Raouraoua. Allez-y. Je lui dis que ce qu'il fait est bien mais que son travail risque de tomber à l'eau s'il conserve au sein de la FAF et de la LNF certaines personnes qui n'ont rien compris à sa politique de redressement et de moralisation de la discipline. Quelles personnes visez-vous? Essentiellement le président de la DTN de l'arbitrage, Rachid Medjiba. Ce n'est pas quelqu'un qui est venu servir le football. A mon avis, il est là surtout pour régler des comptes avec certains arbitres et avec certains clubs. Je dirai, en plus, que certaines personnes bénévoles de la LNF, qui officient même comme présidents de commissions font valoir des penchants pour certains clubs. Ces gens nuisent à la bonne marche de la FAF et de la LNF. Ils portent atteinte à leur crédibilité. Il faut qu'ils s'en aillent. On voudrait revenir à l'effectif de la JSK. Le seul joueur du championnat algérien qui ait été détecté par un club français est le joueur malien Diallo. Avant d'opter pour l'USMA, c'est à la JSK qu'il avait atterri. N'avez-vous pas l'impression d'avoir raté une affaire en or en laissant partir un joueur que vous aviez sous la main? Vous faites bien de me parler de cette affaire. Il est vrai que Diallo était d'abord venu chez nous. Il n'était pas venu seul puisqu'il y avait avec lui Doucouré, qui joue en ce moment à l'USMA. Il se trouve que lorsque ces deux joueurs étaient arrivés à la JSK, Nacer Sandjak, qui était son entraîneur, venait de partir. A ce moment, je n'avais, vraiment, pas l'esprit à m'occuper de ces deux joueurs d'autant que j'avais des vues sur Endzanga et sur Sessay. Il y a eu une période de flottement où la JSK ne disposait pas d'entraîneur pour les tester. Il n'y avait que Abderezzak Harb, l'entraîneur des gardiens de but qui n'avait pas voulu prendre de responsabilité à leur sujet. Comme je n'avais aucune précision sur eux, j'avais préféré les laisser repartir chez eux. Maintenant, il faut que vous sachiez que je n'éprouve aucun regret. Sans Diallo mais avec Endzanga, la JSK est devenue championne d'Algérie. En outre, à chaque fois qu'il a joué contre nous, Diallo n'a rien montré de concret. Il a été complètement absent. Il y a, au moins, une chose que l'on reconnaîtra dans la réussite de la JSK, c'est la stabilité de son staff dirigeant. Cette responsabilité ne commence-t-elle pas à vous peser? La direction d'un club de la stature de la JSK nécessite une présence continue et des sacrifices. Cela passe même par la négligence de sa vie de famille et de son propre état de santé. Je n'ai aucun regret pour tout ce que j'ai accompli. Je l'ai fait pour mon club, ma ville et ma région. J'en tire, en outre, un sentiment de fierté car, aujourd'hui, je sais que la JSK n'a pas que des supporters en Kabylie. C'est un club algérien qui appartient à l'Algérie jusque dans ses contrées les plus reculées. Les marques de sympathie que nous ne cessons de recevoir des quatre coins du pays en sont la preuve la plus concrète. On terminera par ces histoires de la télévision qui ne vient pas à Tizi-Ouzou. Voilà une autre forme de sabotage de la JSK. Quand on dit qu'on aime ce club, il ne faut pas lui mettre des bâtons dans les roues. La télévision qui ne passe pas ses matches sur le petit écran parce qu'on lui interdit de poser ses caméras, c'est une entrave au développement du club. Comment voulez-vous que les gens viennent le sponsoriser quand ils apprennent que c'est un club dont les matches ne sont pas télévisés ? Il faut que la télévision revienne au stade de Tizi-Ouzou pour le bien de la JSK, d'autant que, comme je vous l'ai dit, elle a des supporters dans tout le pays et qui eux aussi ont le droit de la voir sur le petit écran.
