Bilan En cette fin d?été, il y a lieu de s?interroger sur l?existence réelle de cette notion dans notre société. Les Algériens partent-ils en vacances ? C?est peut-être ce qui justifie l?absence de cette culture qui voudrait que l?on s?offre une période de détente à l?issue de onze mois de labeur. L?érosion du pouvoir d?achat du citoyen moyen l?empêche de réaliser ce qui reste un rêve permanent. «C?est une question de moyens. Ce problème freine les Algériens qui ont d?autres priorités», souligne Mustapha qui officie quotidiennement dans l?une des agences de voyage d?un organisme étatique, où il reçoit les clients. Notre interlocuteur constate un engouement pour les voyages de la part des Algériens qui, dans un passé récent, optaient pour les camps de toile. Selon lui, les années de terrorisme ont poussé les gens à vouloir décompresser ailleurs. Mais, précise-t-il, ne voyage pas qui veut ! Mustapha indique que ceux qui prétendent aux vacances à l?étranger ont des revenus «au-dessus de la moyenne». Ce qui ne les empêche pas, nous dit-il, de choisir la destination la moins chère et la plus facile d?accès : la Tunisie. L?accessibilité de ce pays à «des prix imbattables visant les couches moyennes», comme il nous l?affirme, n?a pas encouragé l?Algérien moyen. «Il ne peut pas se permettre des vacances à 35 000 DA, prix de revient toutes taxes comprises d?un séjour d?une semaine en demi-pension avec transport.» Cet avis est partagé par cet employé d?une agence privée située dans une artère au centre d?Alger. Ceux qui s?offrent des vacances sont ceux qui en ont les moyens, notamment les couples qui travaillent. Quant aux petits salaires, ce sont des célibataires, «en grande majorité des femmes», précise-t-il, qui économisent toute l?année pour pouvoir se payer un séjour à l?étranger. Là aussi, la Tunisie reste la destination la plus demandée. Un tour-opérateur qui, lui aussi, a remarqué cet engouement pour ce pays, explique ce fait par l?absence de visa, ce qui en facilite l?accès, et par l?intérêt porté depuis peu par les responsables tunisiens du tourisme aux Algériens qui pallient la baisse de fréquentation par les touristes européens depuis l?attentat de Djerba. Selon lui, nos concitoyens «ont de plus en plus cette culture» des vacances ailleurs à cause de l?inexistence dans notre pays d?infrastructures touristiques. Notre interlocuteur estime que les prix sont à la portée des bourses moyennes : une semaine dans un hôtel 4 étoiles à Hammamet revient à 41 400 DA, frais de transport compris tandis qu?à Monastir, il est à 43 000 DA. Pour Hakim, coordinateur d?une agence qui a réussi à asseoir sa renommée, «les Algériens voyagent beaucoup par rapport à leurs voisins maghrébins. Ce sont des voyageurs nés. L?avion est pour eux un moyen de transport comme un autre, ils ne le considèrent pas comme un luxe. Ce sont aussi des touristes appréciés en Europe du fait qu?ils dépensent beaucoup». Il estime, d?ailleurs, que les agences ne chôment pas. Là, les destinations sont plus variées et diffèrent selon qu?on soit en été ou en hiver. Les tarifs aussi. Il faut débourser entre 48 000 et 93 000 DA, selon la qualité des prestations de service, pour une station balnéaire en Grèce, le pays préféré des clients de cette agence.