Un échantillon de 300 personnes à travers onze wilayas du centre, du sud, de l'est et de l'ouest : El Watan a lancé, le mois dernier, un sondage pour en savoir un peu plus sur les vacances des Algériens. Car si beaucoup d'études ont été réalisées sur l'offre, il en existe peu, voire pas, de récentes sur la demande. Un comble pour un pays dont l'objectif d'ici à 2015 est d'accueillir 2,5 millions de touristes. Rares sont les familles qui partent au complet Une petite majorité – 53% contre 47% – des personnes interrogées déclare partir en vacances cette année. Autrement dit, quasiment la moitié des Algériens restent chez eux. La première raison est essentiellement financière. « Mais aussi liée au stress du contexte social qui entraîne des crises au sein de la famille », précise M.-F. Gaïdi à Annaba. « Et dans ce cas-là, on ne part pas en vacances… » Qui sont ces vacanciers ? Des célibataires, des couples, des enfants seuls, rarement des familles entières. « Beaucoup de gens n'ont pas les moyens de passer ne serait-ce que deux jours sur la côte ; ils partent le matin vers Aïn Témouchent ou Oran, passent la journée à la plage et rentrent le soir. Le calcul est simple, souligne Mohamed Yazid Boumghar du CREAD. Une semaine dans un bungalow revient à 100 000 DA. Si vous ajoutez à cela les faux frais, le deuxième repas, le transport… le budget explose rapidement. »Parmi eux, 68% déclarent préparer leurs vacances à l'avance. Pour autant, ils avouent souvent – et c'est un paradoxe – ne pas épargner dans cette perspective. « La notion de vacances en Algérie n'est pas comparable à celle des sociétés post-industrielles, analyse un sociologue. Dans ces dernières, les gens font des économies en prévision des études de leurs enfants ou pour les congés annuels. Dans notre société, l'épargne n'est mobilisée qu'en vue d'un mariage ou du ramadan. » 50 000 DA de budget, presque un luxe Les vacanciers partent avec un petit budget, compris entre 10 000 et 50 000 DA pour 49% d'entre eux. Certains partent encore avec moins : 8% avec moins de 10 000 DA – mais on peut se demander s'il s'agit vraiment de vacances ? D'autres avec un peu plus : 20% avec 50 000 à 100 000 DA et 13% avec 100 000 à 150 000 DA. « Je connais un couple, avec un enfant à charge, qui gagne 22 000 DA par mois. Pour eux, les vacances c'est sacré. Ils consacrent tout leur salaire du mois pour partir chez des amis, de la famille, voire en Tunisie », explique M.-F. Gaïdi à Annaba. « Il n'est pas rare de voir des Algériens se saigner pour partir en vacances, mais on peut aussi se poser des questions sur ces fonctionnaires qui déclarent consacrer entre 150 000 et 200 000 DA pour leurs vacances, soit l'équivalent de cinq mois de salaire, souligne Yacine Alim à Mostaganem. Ce qui laisse penser que certains d'entre eux ont d'autres sources de revenus. » A prendre avec précaution : les 4% qui prétendent dépenser entre 150 000 et 200 000 DA et les 7% qui annoncent plus de 200 000 DA. « Dans la réalité, ils dépensent vraisemblablement plus mais ne le disent pas. Pour certains, essentiellement des professions libérales, les 200 000 DA ne correspondent qu'à l'argent de poche avec lequel ils partent, sans inclure les frais de transport, d'hôtellerie et de restauration. » Adlène Meddi, Djamel Belkadi, Djamel Benachour, Gaidi M.F., Houria Alioua, Kamel Beniaiche, M. Abdelkrim , M. Nadjah , M.A., Mélanie Matarese, Mohamed Naïli, Yacine Alim