InfoSoir : D?après votre longue expérience, quelles sont les causes de la cécité en Algérie ? Le Pr Ailem : La cécité est essentiellement due au glaucome qui touche environ 1% de la population après 45 ans et 4% à partir de 40 ans, ce qui nous donne près de 300 000 glaucomateux en Algérie. Comment peut-on éviter cette cécité due au glaucome ? Les citoyens doivent voir des ophtalmologistes pour mesurer la tension oculaire (tension de leurs yeux) pour pouvoir être traités à temps. C?est une cécité évitable par un diagnostic et traitement précoce et adapté, mais une fois définitivement établie, c?est une cécité non curable. Et la cataracte ? Ce phénomène paraît le plus connu chez les Algériens. La cataracte est une cécité curable. Elle était la première cause de cécité en Algérie jusqu?à ces dernières années, car les listes d?attente pour les interventions de cataracte étaient très longues. Actuellement, la cataracte n?est plus cause de cécité durable et l?Algérie est l?un des rares pays du tiers monde à avoir réglé le problème de la première cause de cécité. Y a-t-il des maladies oculaires plus dangereuses ? Il y a des cécités contre lesquelles on ne peut rien pas seulement chez nous, mais dans tous les pays du monde, il y a des aveugles et il y en aura toujours. En Algérie, il existe près de 20 000 aveugles pour lesquels on ne peut rien. 0,5 à 0,8 pour 1000 habitants présente des cécités au-dessus de toute ressource thérapeutique, liées soit à des traumatismes graves soit à l?évolution des maladies non traitées et de causes génétiques. En outre, certains diabètes non équilibrés donnent des complications oculaires, décollements de rétine, dégénérescences maculaires liées à l?âge, certaines maladies de la rétine et certaines affections oculaires génétiques. Comment doit-on agir ? Effectivement, on peut agir en mettant en place un certain nombre de structures, notamment pour les greffes oculaires, en développant l?équipement du service ophtalmologique du secteur public qui n?a pas été revu depuis une quinzaine d?années, surtout que c?est une spécialité où on peut atteindre le niveau des pays développés. Etant président de la Société algérienne d?ophtalmologie, quel est le rôle de celle-ci ? C?est une association scientifique créée dans le but d?élever le niveau de l?ophtalmologie en Algérie à travers des congrès et des séminaires au niveau national mais aussi à l?étranger. Un problème prioritaire à soulever ? Beaucoup de problèmes doivent être pris en compte pour collaborer à une meilleure prise en charge des maladies oculaires, notamment les problèmes de greffe de la cornée et la chirurgie de certains décollements de rétine. C?est une chirurgie lourde qui demande un équipement spécial, la mise en place d?une banque des yeux et la prise en charge de certains décollements de rétine, notamment ceux liés au diabète et la prise en charge des cancers oculaires, cancers de l??il (des bébés de 1 à deux ans) qui rend aveugle, mais qui tue aussi. Il manque aussi la chirurgie rétractive (le laser) pour se débarrasser des lunettes définitivement. (*) Docteur à la Clinique d?ophtalmologie au CHU Mustapha-Pacha