Le rire est l?expression de la joie, mais c?est aussi celui de la dérision et de la moquerie. On rit des gens qui sont? risibles, c?est-à-dire qui provoquent le rire soit par leur physique, soit par leur accoutrement, soit encore par leur comportement. «Yed?hek aâlih» (il se rit de lui), dit-on, et, en berbère, «yet?ad?sa fellas». La morale interdit de se moquer des gens. Rire d?une personne laide, c?est, pour les gens pieux, remettre en cause l??uvre divine et se moquer d?elle car, n?est-ce pas Dieu qui façonne les êtres et leur donne la forme qu?Il veut ? «Lebni ukhellaq, tyita ur tlaq» (l?image façonnée par Le Créateur, pourquoi se moquer d?elle ?), dit le proverbe kabyle. Rire du malheur des autres est également condamnable : c?est encore se moquer de la volonté divine qui trace les destinées, c?est se délecter de la détresse des autres, faire preuve de cruauté. «Li yed?hek yelh?aq» (Qui rit du malheur des autres, on rira aussi de lui un jour), dit le proverbe. Les exemples de retournement de situation sont nombreux et les moqueurs deviennent, à leur tour, objets de moquerie ! Mais la même sagesse, qui stigmatise la moquerie, trouve logique qu?on se moque de certains qui se ridiculisent par leur comportement ou persistent dans l?erreur au point de paraître grotesques. C?est de ces gens-là que parle le proverbe kabyle : «Qui trouve des enfants de dérision, Dieu le jugera s?il ne rit pas d?eux !» La moquerie est ici une sorte de punition : on ne rit pas d?un physique mal fait ou d?un malheur, mais de la bêtise et de l?inconscience.