Si l?on demande à un Algérois ce qui, depuis des mois, fait désormais partie du décor du tunnel de la place Audin, il vous répondra à coup sûr : «Echinoisia !» Elle est jeune, à peine 25 ans, et s?y trouve dès le matin et jusqu?en fin de journée. Il y a maintenant une année ou plus qu?elle s?est aménagé une bonne parcelle de la rue en véritable boutique à ciel ouvert. Rien que des produits féminins de Chine, mais de toutes sortes : nappes, napperons, petits tapis, éventails, en passant par un riche assortiment de robes, couettes et couvertures. L?allure stoïque et laborieuse, la «Chinoisia» n?est pas en manque de potentielles clientes dont certaines venues spécialement y acheter une ou deux babioles, grâce au bouche à oreille, tant l?accessibilité des prix autant que la qualité et l?originalité des produits sont parvenues à la faire connaître, au moins au centre d?Alger. Dans un français lancé par bribes mais aisément décodable, elle arrive à se faire comprendre et à comprendre ses nombreuses clientes, dont certaines veulent parfois d?autres renseignements sur le produit que le prix. Nous l?approchons pour quelques petites questions. La méfiance est d?abord de mise, puis quelques mots quand même grâce auxquels nous apprenons qu?elle vit en famille, quelque part à Alger, et qu?elle n?est pas la seule à s?adonner à cette activité. Arrive-t-elle à écouler assez de marchandises ? «Ça va», se contente-t-elle de répondre. Cette fois, sans rien lui demander et alors que nous nous apprêtions à la quitter, elle tient à déclarer, l?air parfaitement sincère : «Algériens très gentils !» L?effet «bouille chinoise», certainement?