Eventualité Selon les experts, un Italien ou un connaisseur du Vatican pourrait être élu nouveau pape. Nombre de vaticanistes parient plutôt sur les chances d'un cardinal transalpin ou d'un prélat connaissant très bien le fonctionnement de la curie (le gouvernement de l'Eglise catholique mondiale) pour gérer l'héritage. «Je vois l'élection d'un pape italien un peu gris», souligne le très respecté historien et journaliste catholique italien Vittorio Messori. Mais rien n'est joué d'avance pour le prochain conclave, bien que les 117 cardinaux électeurs âgés de moins de 80 ans aient tous été nommés, sauf deux, par Jean-Paul II au cours de ses vingt-six ans de pontificat. L'interrègne se déroulera selon des règles précises. Les titulaires des dicastères (les ministères) de la curie démissionneront de leurs fonctions et pendant trois semaines l'Eglise sera formellement dirigée par le Carmelingue, le cardinal espagnol Eduardo Martinez Somalo, qui expédiera les affaires courantes et préparera le conclave. Mais l'homme fort de la transition sera en fait le doyen du Sacré Collège (le collège des cardinaux, y compris ceux de plus de 80 ans), le cardinal Josef Ratzinger, 78 ans, élu à ce poste il y a trois ans. Inflexible gardien du dogme depuis plus de deux décennies, ce prélat allemand, très proche du pape, fait partie des «papabili» malgré ? ou grâce ? à son âge. Il est considéré, de par son expérience et son prestige, comme l'incontournable grand électeur du prochain pape. Mais cela n'empêche pas man?uvres de coulisse et subtiles alliances. Elles s'annoncent complexes dans une assemblée éclatée avec des cardinaux originaires de cinquante-quatre pays. En outre, pour la première fois dans l'histoire de l'Eglise, les cardinaux européens ne sont plus majoritaires. L'Amérique latine représente plus de 40 % des catholiques du monde et certains cardinaux issus de ce continent, comme le Hondurien Oscar Andres Rodriguez Maradiaga, incarnent de possibles «papabili», symboles d'une Eglise toujours plus mondialisée. Mais après le quart de siècle «wojtylien», beaucoup préfèrent la prudence. Souvent, un pontificat court succède à un pontificat long. Après un pape polonais, le premier non italien en 455 ans, certains voudraient revenir à la tradition. «Le poids italien reste énorme surtout si l'on considère la fragmentation des autres contingents nationaux», note l'historien Alberto Melloni, auteur d'une histoire des conclaves. En 1978, ces divisions avaient permis l'élection de Jean -Paul II. Cette fois, des candidats prestigieux comme l'archevêque de Milan, Dionigi Tettamanzi, 70 ans, ou le patriarche de Venise, Angelo Scola, 63 ans, paraissent à même de susciter un large consensus.