L?Expobois, Salon du bois et dérivés, qui s?est tenu il y a quelques jours au Palais des expositions, a fait ressortir, entre autres constats, le paradoxe navrant que nos forêts, à force d?être agressées depuis de si longues décennies, ne couvrent plus que 1 500 000 ha. C?est que en 150 ans, leur superficie a diminué de 37%. Il s?agit du fort contraste entre les considérables potentialités de ce secteur économique et les grandes limites qu'accuse la production nationale en la matière. Un chiffre révélé à la faveur de cette manifestation a dû largement relativiser le succès, au demeurant réel, de cette initiative en termes d'afflux et d'intérêt accordé à l'exposition, autant par les exposants eux-mêmes (plus de 60 entreprises nationales et 3 étrangères), que par les professionnels, venus s'enquérir de la situation du marché national du bois et quêter quelque opportunité d'affaires. 15% seulement du marché national sont couverts par la production nationale, la différence étant importée à coups de centaines de millions de dollars, précisément, 300 millions. Or à en croire les représentants des entreprises nationales les plus performantes en matière de production et de transformation du bois, les raisons des insuffisances de la production nationale et le recours systématique à l'importation tiennent au fait principal apparemment que la matière première est difficilement accessible pour cause d'insuffisance de la superficie forestière conjuguée à une réglementation de l'exploitation jugée excessive. Le leader national en matière d'industrie du bois, le groupe Wood Manufacture (ex-Snlb), spécialisé dans la construction des chalets et logements préfabriqués, est de ceux qui soulèvent le problème. Badreddine Lekkal, dirigeant de ce groupe, cite particulièrement l'écueil d'une réglementation en matière d'exploitation forestière qui «freine» la production et «pénalise le marché national». Nos forêts seraient donc hyperprotégées par les services de l'administration, ce qui s'inscrirait en faux avec les nouvelles donnes économiques qui plaident pour l'ouverture du marché à la concurrence et à la compétitivité conformément à une nette augmentation de la demande nationale. Or les responsables de la Direction des forêts, présents à l'exposition avec leur propre stand tout en renvoyant au «fond» du problème l'état de nos forêts, donc la nécessité d'une «exploitation rationnelle» de celles-ci, invoquent l'obligation de se conformer à la législation, toute draconienne qu'elle puisse être. Ils n?en défendent pas moins les balises juridiques en vigueur pour la protection du domaine forestier, ne serait-ce qu'à cause de l?exploitation illicite et du trafic que subissent nos forêts. La problématique de la législation s'exacerbe d'autant plus que le ministre de l'Industrie, Hachemi Djaâboub, lui-même, lors de sa visite à l'Expobois, a émis la proposition de consacrer une partie du programme gouvernemental portant construction de 1 million de logements, à la réalisation d'habitations en bois. En l'état actuel des entraves que rencontre l'industrie du bois, cette suggestion implique une augmentation des importations du bois, sous réserve que les autorités en viennent à donner suite aux doléances des producteurs. Toujours en matière de réforme législative, ceux-ci ont émis la proposition au ministre d'allonger la durée de la concession annuelle du liège de 30 à 50 ans.