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Une ville, une histoire
Le saint accoucheur du bey (4e partie)
Publié dans Info Soir le 08 - 04 - 2005

Résumé de la 3e partie Le bey du Titteri veut faire construire une mosquée pour Sidi M?hammed el-Boukhari, mais la mosquée s?écroule à plusieurs reprises, jusqu?à ce que le bey quitte la région.
Parmi les miracles qu?on lui attribue, il y a le déplacement de la source de Tletla (Aïn Tleta), la plus belle et la plus importante de la région du Titteri qui, selon la tradition, ne se trouvait pas à l?emplacement où elle se situe aujourd?hui.
On rapporte que le saint homme habitait à proximité de la source, sur son emplacement originel. Le lieu que l?on montre est aujourd?hui un endroit aride, sans végétation mais du temps de Sidi M?hammed, c?était une magnifique région boisée, avec des forêts denses peuplées d?animaux sauvages. Les gens n?osaient pas s?y aventurer à cause des fauves, mais le saint homme s?y rendait souvent et les bêtes les plus sauvages venaient vers lui, craintives. Il les bénissait et elles s?en allaient, satisfaites. Si les gens n?allaient pas dans la forêt, ils aimaient se rassembler autour de la source de Tleta, située dans une belle clairière. Des jeunes gens notamment y venaient justement pour écouter le saint et, après la leçon, ils aimaient se promener aux environs de la source. Or des femmes, notamment des jeunes filles, venaient puiser l?eau de la source : ainsi garçons et filles se rencontraient. Quelques-uns se lient d?amitié et Sidi M?hammed en surprend certains à discuter.
«Que faites vous donc là ?», leur dit-il, en colère.
Les jeunes gens se séparent sans rien dire, honteux. Le saint fait la morale aux élèves qui viennent l?écouter : «N?allez donc pas vers ces femmes qui viennent puiser l?eau, Satan peut vous pousser à commettre avec elles des choses répréhensibles !»
Il ordonne de la même manière aux femmes de ne pas venir aux heures où les écoliers se présentent chez lui. Il croit que les uns comme les autres vont l?écouter, mais hélas : des liens se sont tissés et des habitudes sont prises?
Un jour, alors qu?il se promène aux alentours de la source, Sidi M?hammed surprend quelques couples.
«Quoi !, s?écrie-t-il, vous n?avez pas tenu compte de ce que je vous ai dit ? Vous continuez à vous voir malgré mes ordres ?»
Il pouvait, bien sûr, appeler la malédiction sur les jeunes gens qui lui désobéissent, mais c?est un autre genre d?injonction que le saint lance : «Ô mon Dieu, puisque c?est cette fontaine qui attire ces garçons et ces filles, enlève-la d?ici, éloigne-la, change-lui d?emplacement ! Que mes élèves viennent ici désormais pour suivre les cours et les méditer et que les femmes aillent ailleurs, le plus loin possible, pour puiser l?eau !»
On voit alors la source se retirer brusquement puis disparaître, ce qui provoque l?effroi des gens de la contrée, désormais privés d?eau.
«Ne vous inquiétez pas, dit Sidi el-Boukhari, la source n?a fait que changer d?emplacement, vous la trouverez en contrebas !» On retrouve, en effet, la source à plusieurs centaines de mètres de là. Elle est suffisamment éloignée de l?école pour que ses élèves ne puissent rejoindre les jeunes filles, qui doivent désormais faire une longue marche pour ramener, dans leurs outres, le précieux breuvage ! (à suivre...)


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