Si tout le monde connaît l?argent (pièces de monnaie et billets) on se soucie peu du lieu où il est fabriqué. «Dans les banques», dit-on vaguement. Et autrefois ? Peu de personnes répondent, à l?exception de celles qui connaissent l?histoire, qui répondent alors : dans des ateliers de frappe, en arabe dar al-dharb. Le mot signifie littéralement «maison de la frappe», «frappe» étant exactement l?équivalent du français «frappe», la monnaie étant produite en martelant le métal. Ce n?est que plus tard que la planche à billets a fait son apparition. L?appellation dar al-dharb se retrouve à la fois en arabe dialectal et en arabe classique. Dans les sociétés musulmanes, dar al-dharb a toujours joué un grand rôle dans le monde de l?islam en raison de son fort développement économique. Il fallait produire constamment de l?argent pour les besoins des échanges, non seulement entre pays musulmans, mais aussi avec les pays étrangers. Les musulmans ont d?abord utilisé les ateliers de frappe hérités des anciens régimes, byzantins et sassanides en Orient, romains au Maghreb. Puis, au fur et à mesure que les économies locales se développaient, on a fondé de nouveaux ateliers. Avec l?éparpillement du pouvoir politique, chaque royaume et, parfois, chaque région battaient leur monnaie. D?ailleurs, la frappe de la monnaie était considérée comme un acte de souveraineté, d?indépendance même. C?est ainsi que lors de la conquête française, l?Emir Abdelkader, fondant son Etat, a commencé par battre sa propre monnaie qu?il a diffusée sur tous les territoires qu?il contrôlait.