Longtemps, les gens se sont méfiés des billets de banque, leur préférant les bonnes monnaies, sonnantes et trébuchantes. C?est que le billet de banque, disait-on, n?est que du papier : alors que la monnaie, c?est du métal, quelque chose que l?on peut toucher, voire contrôler ! Aujourd?hui encore, certaines personnes ont gardé l?habitude de soupeser les pièces ou de les mordre pour voir si elles ne sont pas falsifiées : une fausse pièce n?a pas le même «tintement» qu?une vraie pièce, elle sonne creux ! Le mot employé pour désigner la monnaie est ss?arf, du verbe ss?arafa qui signifie, entre autres, «changer des pièces de monnaie contre d?autres, dépenser de l?argent» mais aussi «tourner, détourner, renvoyer», la monnaie étant ce que l?on fait? bouger ! Le mot ss?arf a, en plus du sens de «monnaie», celui de «changement, revirement, mutation» mais aussi «calamité, malheur, revers»? l?argent, dit-on, ne faisant pas le bonheur ! C?est du nom ss?arf que l?arabe classique tire le nom de mas?raf, «bureau de change» puis «banque», avant d?être concurrencé, dans cet emploi, par le mot banka. Le mot mas?raf a aussi le sens de «pur, non mélangé» : cela signifie que la monnaie dont il est alors question n?est pas de la monnaie? de change ! On emploie aussi, en arabe algérien, le mot français monnaie, lamoni. Rappelons que ce mot provient du latin moneta, nom du temple de Juno Moneta, Junon l?Avertisseuse, où on frappait les monnaies. L?avertissement dont il est question s?adresse, aujourd?hui, aux trafiquants !