La ZEP (Zone d?éducation prioritaire) est un concept typiquement français. C?est la réponse aux grands déséquilibres socio-économiques qui ont lourdement pénalisé les élèves issus de familles défavorisées. Comme son nom l?indique, la ZEP recouvre une double réalité. Géographique d?abord : ce sont généralement les secteurs aux abords des grandes villes. Dans les banlieues, habite le gros des familles émigrées en France. Sociale, ensuite : les prestations bonifiées par l?Etat français au bénéfice des ZEP sont destinées à combler l?incapacité financière des parents à satisfaire aux besoins exigés par la scolarité de leurs enfants (transport, cantine, fournitures). Sur le plan pédagogique, les ZEP développent une série d?innovations pour alléger l?inadaptation des élèves, née du déracinement culturel de leurs familles. En matière d?action sociale, les ZEP se singularisent par un dynamisme sans faille. Il faut signaler que leurs animateurs ?directeurs et pédagogues ? sont de fervents serviteurs des causes humanitaires, versés dans les opérations de solidarité. A titre d?exemple, dans les ZEP la rentrée scolaire de septembre est précédée d?une phase préparatoire. Dès la mi-août, les établissements scolaires ouvrent leurs portes pour accueillir les élèves en situation d?échec scolaire. Des enfants et des adolescents privés de vacances en bord de mer parce que leurs parents sont dans la gêne. Quinze jours durant, sous la houlette d?enseignants motivés, ces élèves s?adonnent à des activités scolaires de base. De celles qui sont à l?origine de leurs échecs précédents : les maths, les langues, la physique. Ces demi-journées de remise à niveau sont animées dans un climat détendu, non directif. Les élèves se sentent revalorisés par le contact rapproché et décontracté avec leurs enseignants. Les après-midi sont consacrés aux activités sportives, artistiques et récréatives. Ces «écoles ouvertes» en zone d?éducation prioritaire remontent aux années 1970. Elles jouissent d?une adhésion jamais démentie depuis leur création. Une belle leçon de solidarité qui a servi (et qui sert encore) de tremplin à des enfants issus de milieux socialement déclassés. Moralité : l?inégalité des chances scolaires ne doit pas être une fatalité. L?Etat doit y veiller.