Le mot «bluff» vient de l?anglais et signifie tromperie, vantardise. Le mot désigne, particulièrement dans le jeu de cartes, le fait de miser beaucoup d?argent alors que l?on n?a pas le bon numéro, pour faire croire justement à ses adversaires qu?on l?a. Nous avons emprunté le mot au français et nous l?employons sous la forme de blof, dans les sens donnés. A partir du mot, on a dérivé un verbe, blofi, couramment employé : «Haw yeblofi» (il bluffe) ; «barka ma teblofi» (arrête de bluffer), etc. Le nom d?agent, bluffeur, est lui directement emprunté au français, blofeur : «Hadak ? wah?ed lblofeur li fih !» (Untel, quel bluffeur c?est !). Comme synonymes de bluff, les langues algériennes disposent de toute une panoplie de termes en rapport avec la tromperie. On peut citer ainsi les verbes kellekh (tromper en disant des mensonges), ll?âbha au sens de «jouer un tour à quelqu?un», tmeskhar au sens de «se moquer», etc. Mais le terme qui traduit le mieux l?idée de bluff, dans le sens de tentative de tromper, en faisant croire qu?on dit la vérité, est lhef. En effet, lhef ce n?est pas seulement tromper son prochain, mais c?est le mener en bateau pendant un certain temps, temps où il croit que ce qu?on lui dit est vrai. «Wallah ghir hefni» (par Dieu, il m?a bluffé !), dira la personne ainsi bernée, avec une certaine admiration pour celui qui a réussi à lui faire prendre des vessies pour des lanternes. La morale réprouve le bluff, mais, dit le proverbe : «hef t?âych» (bluffe et tu t?en sortiras dans la vie) ! Toujours dans le sillage de la tromperie, el-hef désigne la feinte ; ainsi, quand on joue au ballon, le geste de botter le ballon sans le faire, pour tromper l?adversaire, est appelé el-hef.