On désigne encore l?argent par d?autres mots. On peut citer, entre autres, tiki, au propre «ticket» (le mot vient du français) : le ticket est ici pris au sens de titre, récépissé, bout de papier qui atteste qu?on a reçu quelque chose ou qui donne droit à quelque chose. Il y a aussi le mot h?dida, au propre «morceau de fer», argent, toute chose qui se réfère aux biens matériels, à la richesse : «?ându h?dida» (il a du fer), signifie «il est fortuné, il est riche, il est très à l?aise», mais aussi «il est puissant». L?argot algérien a produit, outre les mots que nous avons déjà cités, un certain nombre de termes désignant cette fois-ci des billets de banque, selon leur valeur. Ainsi, on dit messaka (au propre «épingle», «trombone», «agrafe») pour mille dinars, en souvenir du temps où les postes donnaient l?argent en paquets de dix billets de cents dinars agrafés. Le billet de deux cents dinars est appelé hubla par référence au dessin du mausolée du Martyr (Maqam echahid) qui y figure : certains surnomment le monument «hubbal», du nom de la divinité préislamique bien connue. Le million de centimes est appelé brika, du français «brique», qui a aussi, en argot français, le sens de million. Le million est encore appelé hadjra (pierre) dénomination proche de «brique» mais en plus? dur ! Mais qu?importe qu?il s?agisse d?une pierre ou d?une brique, beaucoup voudraient en recevoir ! La monnaie a aussi ses appellations. Ainsi, la pièce de dix dinars est parfois appelée defra, au propre «ongle» ; celle de cinquante dinars sinkoh?a, de sinko, terme du jeu de dominos, en rapport justement avec le chiffre cinq.