Résumé de la 6e partie C?est donc une ville neuve et puissante qui va accueillir le jeune homme. Jusque-là, il ne connaissait que Tagaste et Madaure. Emerveillé, l?adolescent se promène dans les rues de la ville. Il est subjugué par les bruits et les senteurs d?une ville qui, malgré plus de quatre siècles de colonisation romaine, a gardé un cachet particulier. Il y a aussi les femmes aux m?urs légères qui n?ont pas beaucoup de peine à attirer à elles un garçon très précoce. «Autour de moi, écrit-il dans Les Confessions, grondait de toutes parts la chaudière des criminelles amours.» Il a aussi la passion du spectacle. Il se rend souvent au théâtre où il peut suivre toutes sortes de pièces et écouter des discours. Le théâtre, dira-t-il plus tard, n?est pas le domaine où s?exerce la réflexion, mais celui où s?expriment les sentiments, notamment la peine que l?on ressent au spectacle des tragédies. «J?aimais avoir de la peine, écrit-il, et je cherchais des sujets de peine, tandis qu?à propos d?une infortune étrangère, contrefaite, mimée, le jeu de l?acteur me plaisait d?autant plus et m?attachait d?autant plus fort qu?il m?attirait des larmes.» Cependant, quelque temps après son installation à Carthage, son père meurt. L?ami de la famille continue à l?aider, mais il doit aussi faire appel à sa mère qui, lorsqu?elle dispose d?un peu d?argent, lui en envoie. Si à Tagaste et à Madaure, il a été souvent un cancre, peu intéressé par les études et porté sur les espiègleries, à Carthage, il va se révéler un élève sérieux, passionné par les études. Dans un passage des Confessions, il réprouve fortement le comportement d?un groupe de camarades chahuteurs qui perturbent les cours des maîtres et empêchent les autres d?étudier. A Carthage, il se lie d?amitié avec des «expatriés» comme lui. Il faut citer notamment Vincentius qui devait devenir plus tard évêque donatiste de Cartennae, l?actuel Ténès, et, par conséquent, lorsqu?il deviendra lui-même évêque de Hippone, son ennemi. Un jour, avec l?argent que lui envoie sa mère, il achète un livre qui va le bouleverser, Hortensius de Cicéron. Cet ouvrage, aujourd?hui quasiment perdu ? à l?exception de quelques fragments ? a été l?un des plus grands textes philosophiques de l?Antiquité. Il critique l?art oratoire, représenté justement par le personnage d?Hortensius qui ne fait que développer la vanité humaine, et pousse vers la philosophie, l?art de la sagesse et de la réflexion. «Ce livre changea mes affections, écrit-il, tourna vers ton être, Seigneur, mes prières, modifia mes v?ux et mes désirs. Toute vaine espérance me fut, d?un coup, sans valeur ; je convoitais avec une fougue incroyable l?immortalité de la sagesse, je commençais de m?élever pour revenir à Toi !» Pour faire plaisir à sa mère, qui n?avait pas perdu l?espoir de le convertir à sa religion, il va lire aussi la Bible. Mais il va trouver le texte sans intérêt, en tout cas sans aucune comparaison possible avec l??uvre de Cicéron. La conversion, tant rêvée par Monique, de ce fils qu?elle aime par-dessus tout et qui n?a cessé, depuis l?enfance, de la décevoir, va attendre encore plusieurs années ! (à suivre...)